Le 17 novembre de 10 h 30 à 12 h eut lieu le Bouchon de la 18ème édition de la revue des germanistes en salle B115, autour d’un brunch réunissant le comité de rédaction de la revue, mais aussi d’anciens membres des 16ème et 17ème rédactions et des étudiants de master avec leur professeure. Avant tout symbolique, puisque la remise du bouchon représente le passage d’une rédaction à une autre, cet évènement nous a permis de nous retrouver entre étudiants germanistes autour d’un buffet divers et riche, à l’image du thème de la rédaction de cette année. La remise du bouchon était un moment privilégié pour discuter en dehors des cours avec nos professeurs, mais aussi avec d’anciens étudiants des rédactions n° 16 et n° 17 ; ceux-ci nous ont partagé de précieux conseils et de multiples expériences pour parfaire la construction de la nouvelle rédaction de cette année. De plus, étant tous dans cette rédaction en troisième année d’études, le Bouchon était l’occasion de rencontrer des étudiants en master accompagnés de leur professeure qui nous ont expliqué leur formation, autour de nourriture et surtout de rires.
Je suis née le 29 décembre 1991 aux Lilas en Seine-Saint-Denis. J’ai grandi dans le sud de la Seine-et-Marne à la campagne.
Je suis allée au lycée à Fontainebleau, j’ai fait beaucoup de musique et lorsque j’avais quinze ans j’ai participé au programme Voltaire qui est un programme d’échange avec l’Allemagne. J’ai passé six mois à Chemnitz en Saxe. Ce séjour m’a beaucoup plu, et c’est une des raisons pour lesquelles j’ai fait de l’allemand par la suite. J’aimais bien le rythme en Allemagne, le fait qu’on aille en cours pendant quelques heures et qu’après on aille faire de la musique au conservatoire. Au lycée je participais aussi au chœur des germanistes, donc nous chantions en allemand. C’est une langue que j’ai chantée avant de la comprendre. C’est pourquoi apprendre à bien prononcer est important à mes yeux. Je crois que c’est un des aspects les plus importants en langues vivantes étrangères et on insiste assez peu là-dessus.
Après le lycée j’ai intégré une classe préparatoire au lycée Henri IV à Paris. C’était important pour moi de conserver toutes les matières littéraires car je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire. A la fin de mon hypokhâgne, j’ai longuement hésité à choisir ma spécialité entre l’anglais et l’allemand. J’ai finalement choisi l’allemand, tout simplement parce que j’adorais le professeur d’allemand. J’ai ensuite intégré l’ENS de Lyon à l’issue de ma prépa où j’ai commencé par faire de la recherche sur la musique. Puis, en master, j’ai commencé à travailler sur la réception de la musique sacrée en RDA et sur la figure de Bach. En M2, je suis partie en Erasmus à Dresde. J’ai fait mon mémoire sur le « Thomanerchor » de Leipzig et le « Kreuzchor » de Dresde : deux chœurs d’enfants. Par la suite, j’ai été assistante de langue dans un lycée à Chemnitz. Ça m’a beaucoup plu et c’est d’ailleurs là que j’ai décidé que je voulais enseigner.
Quand je suis rentrée en France j’ai préparé l’agrégation d’allemand. L’anglais étant aussi important pour moi, j’ai décidé de faire deux années sabbatiques pour être jeune fille au pair à Londres. J’ai également fait un master de littérature comparée au « Trinity College » à Dublin. Après ça, je suis revenue en France et je me suis inscrite en thèse à Caen. Dans mon sujet de recherche je me suis intéressée à la biographie langagière, c’est-à-dire à la place des langues en tant qu’objet littéraire affectif, autrement dit quelle est la place des langues dans un itinéraire personnel.
Je me suis ensuite retrouvée à enseigner à l’université de Caen pendant trois ans. L’année suivante j’ai enseigné à des grands débutants en allemand à l’université Gustave Eiffel à Champs-sur-Marne. Et puis l’année d’après, je suis arrivée à la Sorbonne-Nouvelle. C’est donc la première année où j’enseigne la littérature allemande et la littérature comparée dans cette université. Je me prépare aussi au CAPES et à l’agrégation.
Pour ce qui est de mes travaux de recherche actuels, j’ai publié un ouvrage sur l’enfant plurilingue en littérature. J’organise également un séminaire dans le cadre du congrès de l’association américaine de littérature comparée à Montréal au Québec. Je suis contente car j’ai reçu des propositions de chercheurs du monde entier qui travaillent sur le mélange des langues dans le récit de soi.
En ce qui concerne mes loisirs, je continue de chanter à la chorale. Sinon je joue du piano et je suis engagée dans des associations dans le domaine de la protection de l’enfance car ça me tient à cœur. J’aime aussi beaucoup les chats, j’en ai plein, et comme j’ai la chance d’habiter à la campagne, ils peuvent entrer et sortir comme ils le souhaitent.
Enfin, ce qui me plaît à la Sorbonne-Nouvelle c’est de pouvoir mêler l’enseignement et la recherche. C’est aussi la première fois qu’on me propose de faire des cours sur mes sujets de recherche. Ce que j’aime également, c’est que les collègues parlent de recherche entre eux. Je trouve aussi que les gens ici ne se prennent pas trop au sérieux, tout en étant quand même très intéressants et curieux. Voilà, je pense que le mot-clé c’est la curiosité. En matière de recherche c’est très novateur et il y a une dimension internationale qui est très importante aussi. ANL, MXP et ISV
Revue n°17
Chaque année, la rubrique “qui suis-je” nous réserve une devinette des plus sympathiques.
A vous de jouer ! Jetzt sind sie dran !
Je suis née en Normandie dans la petite ville d’Alençon, dans l’Orne en 1975. J’ai commencé l’allemand de façon assez classique en 6e : c’était ma LV1. C’était pour mes parents la façon d’être dans la bonne classe du collège. C’était plutôt par hasard donc, mais j’en ai fait jusqu’au bac, en 1992.
Au début, l’allemand n’était pas du tout une vocation. J’ai eu un professeur d’allemand au lycée qui nous faisait travailler surtout avec des phrases à traduire, cela manquait de vivant. Je me souviens particulièrement de la chute du mur : j’étais en classe de seconde en novembre 89, on n’en a quasiment pas parlé, on a juste continué la grammaire, les traductions, comme si de rien n’était. Je me suis dit que c’était bizarre d’enseigner une langue vivante ainsi, alors qu’un événement planétaire avait lieu dans le pays dont on apprenait la langue. A l’époque, je n’étais pas très motivée, c’était vraiment très vieux jeu comme méthode d’enseignement.
Après le bac, je suis venue à Paris en hypokhâgne au lycée Lakanal à Sceaux. C’est là que j’ai eu une prof d’allemand incroyable, Madame Lafond, que je n’oublierai jamais, qui m’a fait apprécier l’allemand à sa juste valeur. En khâgne, j’ai choisi l’allemand comme spécialité ; j’ai fait deux khâgnes : une au lycée Lakanal et une autre au lycée Henri IV où j’ai décidé de continuer l’allemand. Je suis entrée après à l’ENS, l’Ecole Normal Supérieure par le concours en science sociale et en parallèle, j’ai fait Sciences Po Paris. Mon projet était de travailler pour la Commission européenne et j’ai continué l’allemand dans cet esprit.
Pendant mes études, je suis partie un an à Leipzig de 1997 à 1998. C’est une année qui m’a beaucoup marquée. Pas très longtemps après la réunification, il y avait encore beaucoup de traces de la RDA, et j’ai beaucoup aimé parler avec les gens de leurs expériences et de leur quotidien. Tout ça n’avait rien avoir avec ce qu’ on m’avait appris dans les livres d’histoire sur la RDA. Les cours étaient très riches. J’étais en plus étudiante en échange avec l’ENS donc je pouvais choisir les cours que je voulais : en science politique, en sociologie et plein d’autres matières. Ça m’a donné envie de faire de la recherche sur la RDA, sur la suite des évènements et les mécanismes de transition. Quand je suis rentrée de Leipzig, j’ai passé l’agrégation.
Ce qui m’a motivé à être professeure c’est la double dimension d’enseignant en France : être professeur va de pair avec la recherche. J’avais déjà commencé à donner des cours particuliers de français en Allemagne, à Erfurt. J’aimais aussi expliquer et transmettre.
Je n’ai jamais cessé d’être liée d’une façon ou d’une autre à la Sorbonne Nouvelle comme étudiante, même quand j’étais en hypokhâgne. J’y ai fait mon DEA et ma thèse, puis j’ai été recrutée comme assistante en AMN (c’est un contrat doctoral et ensuite comme maître de conférences).
Avant d’être professeure et de faire de la recherche, j’avais fait des stages : un stage au conseil de l’Europe à Strasbourg pendant 3 mois. Mais c’était très administratif et le rôle du conseil de l’Europe est d’abord consultatif. Je ne voyais pas assez le résultat et me suis tournée vers un autre domaine. J’ai également un stage TV5 Monde car je voulais voir comment les médias fonctionnaient. C’était plus intéressant, mais l’information était maniée de façon trop légère à mon goût. Creuser les choses en profondeur ne me correspondait plus.
Actuellement, je suis maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle. Je dirige le département d’études germaniques depuis septembre : ça implique l’enseignement, la recherche et pas mal de tâches administratives diverses comme s’occuper des liens avec les autres départements. Et en parallèle je fais passer le concours de l’agrégation.
En tant que professeure, j’enseigne surtout l’histoire de l’Allemagne, la civilisation allemande au XXe siècle et au XXIe siècle. J’enseigne aussi la traduction et l’actualité dans le master de journalisme de transnationale et en master MEEF pour préparer les étudiants aux métiers d’enseignements. J’ai aussi enseigné un court moment à Paris 12, j’ai enseigné à la fac en Allemagne à Erfurt mais c’est plutôt quand même l’exception. J’enseigne très peu en dehors.
J’ai choisi ces spécialités d’enseignements car l’histoire peut se raconter de différentes façons. Quand j’étais à Leipzig on se concentrait plus sur l’histoire des pratiques sociales, une égalité femme-homme pensée différemment. Les sujets sont très diversifiés. J’avais envie d’apporter ma pierre, le travail en archive ne me fait pas peur, ça me plait même.
En tant que chercheuse, j’ai publié plusieurs articles, des monographies. Je suis en train de préparer une publication sur les institutions de RDA et dont une, la maison berlinoise du travail culturel. Elle s’occupait d’organiser les collectifs artistiques dans les entreprises car l’art ouvrier était très encouragé en RDA. J’ai aussi publié récemment un ouvrage bien plus général en Allemagne qui s’appelle la RDA après la RDA. C’est une recherche sur la RDA aujourd’hui dans les mémoires familiales, dans la littérature, dans les romans, des récits de vie autobiographiques, biographiques. Ce qui est sûr, c’est que je ne changerais pas de métier de si tôt.
A propos du sujet de la revue, on voit des côtés positifs. Je fais partie du comité de rédaction d’une revue, on peut se connecter à distance pour la réunion. Certaines réunions, comme en hybride, sont très pratiques, on est plus nombreux à chaque fois. D’un autre côté, je sens une grande saturation des cours en distanciel avec certains étudiants derrière l’écran. J’ai réalisé que le métier d’enseignant ne se portait pas au distanciel. Ça change la nature de l’enseignement. On peut bien sûr enregistrer des cours et les étudiants écoutent chez eux mais ça ne pourra remplacer jamais quoique ce soit, c’est juste un complément. Les inconvénients sont beaucoup plus lourds que les avantages.
Quant au phénomène de FOMO, ça me concerne indirectement, je vois ça chez mes enfants adolescents. Personnellement, je n’ai pas peur de rater des choses : je suis sur les réseaux sociaux, j’ai un compte Instagram et un compte Facebook mais j’utilise ces réseaux sociaux qu’avec les gens que je connais dans la vraie vie. Ce n’est pas l’utilisation classique des réseaux sociaux. Mais mes enfants ont du mal comme tous ceux de leurs générations à quitter les écrans. Il y a une addiction très forte et j’essaie de lutter comme je peux mais de façon peu convaincante. On a beau savoir que ce sont des algorithmes faits pour rendre addicts, la machine a une emprise très forte : elle est faite pour ça, et le recul n’est pas très grand. Comme je suis d’une génération plus ancienne ça ne me concerne moins directement, c’est surtout par l’intermédiaire de mes enfants que je vis ça.
Avec toutes les infos que je vous ai données, trouver qui je suis n’est plus qu’un jeu d’enfant.
CN, JQG
Revue N°16
Nous vous retrouvons une nouvelle fois pour l’incontournable rubrique du Qui suis-je ? Dans le contexte actuel, chacun aspire à une sortie de crise différente et à un monde d’après utopique. Notre mystérieux qui suis-je en fait partie lui aussi. Un seul mystère à élucider dans ce numéro, détectives à vous de jouer ! Viel Spaß! Je suis née en France en 1972, donc je ne suis pas de nationalité allemande mais mon intérêt pour cette langue est grand. Mon histoire avec l’allemand commence en collège, au départ ce n’est pas le grand amour. Ma mère travaillait dans une entreprise allemande et avait commencé́ à prendre des cours du soir en allemand, elle m’a donc conseillé de choisir allemand au collège de sorte à pouvoir m’aider. J’étais très bonne élève et à cette époque on prenait allemand quand on était bon, alors pourquoi pas. Les débuts ont été difficiles… Les trois premières leçons étaient orales et sans texte, pour faire simple je ne comprenais absolument rien. Je me souviens d’une écoute qui parlait d’un père qui perdait sa pipe, sa fille Gisela la retrouva et le père disait « das ist aber nett von dir », et moi ce que je comprenais c’était « savonnette ». Au lycée toujours pas de coup de foudre, on peut même dire que ça empire quelque peu : pendant 3 ans j’ai la même professeure, elle est la caricature de la professeure d’allemand sévère et axée sur la grammaire. Mais finalement ça m’a aidé à comprendre comment la langue fonctionnait, j’ai mieux compris la structure de la langue, donc avec le recul je suis contente ! Après le lycée direction la classe préparatoire, mais ce que je voulais vraiment faire c’était de l’histoire- géographie. J’en ai parlé à un professeur de prépa duquel je respectais l’avis, et il m’a dit que ce n’était pas une excellente idée. Alors vu que j’étais forte en allemand et que j’avais découvert la traduction en classe préparatoire, je me suis dis que j’allais tenter ma chance en allemand : mission accomplie puisque je réussis mon deuxième essai au concours de l’ENS en 1993. J’ai toujours voulu être professeure depuis l’enfance, je me souviens encore de positionner mes poupées devant moi et de leur donner cours dans ma chambre. J’ai toujours aimé apprendre et j’étais curieuse. Alors on peut dire qu’aujourd’hui j’ai atteint mon objectif, je donne entre autres des cours de traduction à la Sorbonne Nouvelle et je suis aussi bien linguiste de l’allemand que du français. Et ce n’est pas tout ! Le contact avec autrui qui me plaît tant, je le retrouve lui aussi avec les étudiants et les collègues de travail. Je touche donc à tous les domaines qui m’intéressent : la traduction et le contact avec les autres, mais aussi les responsabilités, l’administratif, l’enseignement, la recherche. Mais avant tout ça j’ai connu un parcours qui n’était pas linéaire, je suis passée par une licence, un master, deux DEA, une thèse en étant normalienne, je me suis arrêtée une année pour des raisons de santé, j’ai été un moment élève à l’ENS alors que j’avais déjà mes deux DEA, j’ai commencé ma thèse assez tard, j’ai envisagé un moment de faire sciencepo, j’ai tenté deux fois l’ENA,… J’ai même été deux ans assistante de langue française en Autriche, c’était une super expérience ! L’Autriche est encore rurale et attachée aux traditions, alors ils faisaient beaucoup la fête et m’emmenaient partout parce que j’étais la petite française ! Bon ça n’a pas été tout rose, l’inconvénient c’étaient les dialectes. Petite anecdote, je logeais chez la secrétaire de l’établissement où j’enseignais, un jour elle n’était pas là et arrive un ramoneur qui ne parait que le dialecte… Je ne comprenais rien, je lui ai demandé gentiment de répéter plusieurs fois mais impossible de comprendre quoi que ce soit. Je lui ai expliqué que j’étais pressée et je suis partie dans ma voiture où j’ai fondu en larmes me disant que jamais je n’allais y arriver, que je ne comprenais rien. Pareil lorsque je sortais avec des collègues, en début de soirée ils parlaient allemand mais plus on avançait dans la soirée plus ils se mettaient à parler leurs dialectes et je ne comprenais plus rien. De plus, là bas tout le monde à un dialecte différent c’est fou. Mais dans l’ensemble c’était une très bonne expérience, je ne regrette pas du tout au contraire. Le gros point fort c’est que des collègues m’ont trouvé sympathique et studieuse, et pendant qu’elles corrigeaient leurs copies elles me laissaient donner réellement cours à leurs classes ! Ça m’a beaucoup servi puisqu’à l’époque il n’y avait pas de formations pour les enseignants- chercheurs, on sautait tout de suite dans le grand bain en donnant cours sans avoir pu vraiment s’y préparer en quelques sortes. En bref malgré le fait que j’ai essayé plusieurs fois de changer de direction, j’en suis toujours revenu à mon rêve d’enfant. Finalement je ne me voyais pas travailler ailleurs que dans la fonction publique. Je pense que j’ai trouvé ce qui me convient !
Je connais bien la Sorbonne Nouvelle maintenant, j’ai d’abord fait ma thèse ici pendant 5 ans en tant que fonctionnaire stagiaire. D’ailleurs j’ai été la première doctorante de Mme Behr ! Elle découvrait ce que c’était d’encadrer une thèse et moi je découvrais ce que c’était d’en écrire une ! Je connais donc l’endroit depuis une vingtaine d’années, j’y suis attachée, ce qui peut aussi expliquer mes différents engagements dans la fac. Pourtant je n’ai pas connu que la Sorbonne Nouvelle, j’ai aussi été un an à Nancy, deux ans à Reims et une année à Paris Diderot, avant de revenir ici. J’ai donc pu voir comment fonctionnaient d’autres universités. Mais l’ambiance familiale que je connais ici, je ne la retrouverai pas ailleurs. Pareil pour la qualité de travail ! Puis on m’a proposé le poste de Vice-présidente du Développement durable et de la Qualité de vie au travail et j’ai accepté́ . Ce poste porte sur les questions de développement durable, responsabilité sociale ou sociétale; l’idée est de verdir les conditions de travail et l’environnement. Je m’occupe également de la labélisation du nouveau campus à Nation, construit selon des normes « haute qualité environnementales ». Je suis réellement épanouie dans mon travail, en aucun cas je ne souhaiterais quitter mes postes ou changer de lieu de travail, l’ambiance familiale et joviale de l’ancien campus d’Asnières est toujours présente et les liens forts qui se sont tissés au fil des années font parties des choses qui me rattachent à l’Université. J’ai également été directrice du département pendant deux ans et j’ai cédé ma place à Mme Lauterwein en 2019. Le poste change régulièrement d’occupant pour que tout le monde puisse occuper la fonction à un moment. Cela permet de mieux comprendre l’université et de rencontrer d’autres personnes, sinon on peut facilement se retrouver isolé. Comment j’imagine cette possible sortie de crise ? Dans un monde utopique, j’aimerais me réveiller en me disant que ce n’était qu’un mauvais rêve et que tout redevienne normal. J’aimerai en réalité pouvoir appuyer sur un bouton et que tout s’arrête. Ce que je ne souhaite pas retrouver dans mon monde utopique, c’est la circulation et les façons de se déplacer d’avant la crise. Les pistes cyclables se sont également développées et je trouve ça vraiment bien, ça me rappelle l’Allemagne. Ce qui est des choses que je souhaite retrouver, les pauses café et les discussions après les cours et les réunions en présentiel. Je suis une femme passionnée et passionnante Maintenant c’est à vous de deviner qui je suis… JKR, EEN
Revue n°15
La pandémie rend parfois généreux. Nous avons commencé l’année avec deux rédactions, une bleue et une orange, et aucune des deux ne se voyait faire l’impasse sur la rubrique du Qui suis-je ?. Les rédactions ont certes fusionné ensuite, lors de la période du travail à distance. Mais nous ne sommes pas revenus sur le dédoublement de la rubrique. Vous aurez donc dans ce numéro deux énigmes à élucider. Viel Spaß! QUI SOMMES-NOUS ? Née en 1969, ni en France, ni en Allemagne, mes parents ont zigzagué entre des régions germanophones et francophones. C’est pourquoi je suis bilingue et que j’ai connu 12 systèmes scolaires successifs. Enfant, je voulais devenir soit institutrice, soit agricultrice biologique. On peut dire que l’un de ces objectifs est presque atteint. À Münster, en Westphalie, j’ai fini par passer un Abibac dans un lycée franco[1]allemand. C’est dans la même ville que j’ai également commencé des études de philosophie, de germanistique et de sociologie. À l’époque, le système voulait que tous les étudiants de tous les niveaux suivent les séminaires ensemble. C’était très impressionnant et cela me plaisait beaucoup. A Paris, j’ai d’abord fait une école de journalisme, puis une maîtrise franco-allemande à la Sorbonne Nouvelle. Je me souviens bien d’une pièce de théâtre que nous avions montée avec d’autres étudiant.e.s, une comédie musicale écrite et réalisée, en marge des cours. C’était une pièce bilingue qui avait pour titre « Pourquoi faire simple, quand on peut faire franco-allemand » ! Nous avons ensuite pu jouer dans un petit théâtre parisien. Les arts plastiques sont une autre de mes passions, raison pour laquelle j’ai poursuivi une formation artistique et d’histoire de l’art en même temps. Au total j’aurai mis 9 ans pour finir ma thèse ! Je ne le regrette pas, car ce temps était nécessaire pour l’incubation de ma recherche. Et puis j’ai fini par en tirer trois livres. J’ai longtemps poursuivi des activités artistiques et journalistiques en parallèle, mais je suis heureuse aujourd’hui d’avoir finalement choisi l’enseignement. C’est un métier qui a du sens. Après y avoir étudié, j’ai eu la chance d’enseigner à la Sorbonne Nouvelle dès la fin des années 1990, en tant qu’ATER, plus tard j’ai été titularisée. C’était en 2010. À l’époque, le département d’études germaniques était encore un institut situé en proche banlieue, dans la ville d’Asnières. L’atmosphère entre étudiants et professeurs était très conviviale. Le bâtiment, un préfabriqué des années 1970, était entouré d’espaces verts, avec des rosiers, des magnolias. En été, on y faisait même des barbecues ! Nous n’avions pas de problèmes de salles et d’emplois du temps, il y avait de la place pour tout le monde. Au moment de quitter Asnières en juin 2012, nous avons organisé une fête avec les étudiants et fondé l’Association alumni Pierre Bertaux. Nous devons le nom de notre revue, asnieres-a-censier, à une citation tirée d’un discours de Valérie Robert, qui était alors directrice. Tout comme l’université de Vincennes s’est installée à Saint[1]Denis en espérant qu’elle garderait son âme rebelle (d’où l’expression « Vincennes à Saint-Denis »), nous nous sommes jurés de garder l’esprit d’Asnières en arrivant à Censier. Après l’emménagement dans le Quartier Latin, l’identité presque familiale du département a été un peu dissoute dans la masse, il faut l’avouer, même si en rejoignant Censier notre offre de cours s’est aussi beaucoup diversifiée. Aujourd’hui, ce que je préfère enseigner, c’est la poésie du 20e siècle, l’histoire de l’art, les problèmes posés par l’intermédialité et l’interculturalité. J’apprécie beaucoup le travail et les échanges avec les étudiants, et j’espère qu’ils et elles garderont un bon souvenir de leurs études malgré les conditions très particulières de la pandémie. Qui suis-je ? Propos recueillis par LB
Je suis arrivée en France avec mes parents en hiver 1986. Venant d’un pays du Sud, je restais bouche bée face à la neige toute blanche et glaciale qui couvrait les rues de Paris. Je n’avais à l’époque que six ans, c’était donc une période assez courte que j’avais passé dans mon pays natal. Quand j’y voyage maintenant, c’est plutôt en touriste. J’ai toujours été intéressée par la pédagogie et la formation, ce qui m’a assez tôt amenée à m’engager dans ces domaines. À l’école, dans le cadre des tutorats, j’aidais les petits qui étaient dans leur première année de collège. Étudiante, je donnais des cours à des collégiens. De plus, j’ai réalisé plusieurs missions de bénévolat auprès de jeunes adolescents ayant des handicaps physiques ainsi que mentaux. Après avoir obtenu un bac médico-social, j’ai commencé une année d’université à Nanterre. L’université gigantesque ne me plaisait pourtant pas vraiment, je m’y sentais assez perdue et j’avais envie d’être active et de me sentir utile plus vite. C’est pourquoi j’ai commencé une formation d’assistante de direction. La formation achevée, je travaillais dans des domaines très différents comme par exemple dans la protection de l’enfance ainsi que dans la formation professionnelle. Il va sans dire que l’ambiance de travail dans un foyer éducatif n’est pas du tout comparable à celle dans une entreprise. Du monde de l’entreprise, je me suis pourtant assez vite éloignée. Le contact humain et l’aspect pédagogique qui m’inspirent et dont j’ai besoin afin d’être bien dans mon travail m’y manquaient. En 2012, j’ai postulé à un poste d’assistante de direction aux ressources humaines à la Sorbonne Nouvelle. J’ai finalement obtenu un poste au département d’études germaniques, qui était dans un grand désarroi administratif. Aujourd’hui j’en suis très heureuse, j’apprécie avant tout la dimension humaine du département et l’ambiance familière rendant le travail agréable. Au département, je suis responsable du suivi et de l’accompagnement des étudiants dans leurs études, c’est-à-dire des inscriptions, de la gestion des notes, des emplois du temps et du suivi et de la transmission des informations. La gestion des enseignants et la formation des nouveaux collègues entrent également dans mon domaine de compétences. Mon engagement n’est toutefois pas limité au seul département d’études germaniques. En tant qu’élue et membre du bureau de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (CFVU), je travaille dans celui des conseils centraux de l’université qui décide des grandes orientations pédagogiques de notre université. Maintenant c’est à vous de deviner ! Qui suis-je ? Propos recueilli par EK
Revue n°12
Depuis mon adolescence, je m’oriente vers un parcours universitaire. Je suis sûr de ma volonté : je souhaite devenir chercheur – mais certainement pas en littérature, histoire ou politique. Né dans une famille allemande très francophile, je porte un vif intérêt à l’histoire française, surtout après avoir lu le roman Tignasse, un livre de littérature jeunesse de l’auteure Cili Wethekam sur la Révolution Française. Mais je n’aime pas rédiger des dissertations ou des comptes rendus. C’est plutôt la chimie qui me fascine : cette pure logique des formules dans les livres et ces expériences en laboratoire. Cependant, comme souvent, ce sont les professeurs qui ont une influence déterminante sur le parcours et qui font évoluer les préférences personnelles : pour moi ce sont un professeur de chimie très autoritaire et un professeur d’allemand et d’histoire très engagé qui me passionne pour la République de Weimar et la littérature aux XVIIIème et XIXème siècles. C’est lui qui me confronte au national-socialisme et m’incite à trouver une réponse aux questions centrales de l’histoire allemande contemporaine. Après mon service civique comme conducteur ambulancier, j’étudie donc les littératures allemande et française ainsi que l’histoire franco-allemande aux universités de Wuppertal et de Münster. Quand je porte un regard sur ce passé, je pense que l’opportunité d’aller en France en tant qu’assistant de langue étrangère a également joué un rôle essentiel. Ce programme offre une expérience très enrichissante, que je ne peux que conseiller. Ce n’est qu’avec cette expérience que le cinéma français, les bandes dessinées franco-belges et surtout la chanson française me sont devenues familiers. J’ai encore des souvenirs vifs d’un concert de Léo Ferré, dont j’ai acheté après tous les disques. Cependant, à mon retour de France, les choses deviennent sérieuses. Après mon master, un professeur d’histoire contemporaine me propose un poste de chercheur à l’Université de Münster et de m’inscrire au doctorat. En 1996, j’obtiens le doctorat (avec une thèse sur l’histoire de la RDA) et en 2004, l’habilitation à diriger des recherches (avec un travail sur le Second Empire allemand). Ensuite, j’enseigne l’histoire contemporaine européenne à Münster, à l’Université de Californie à San Diego et à l’Université de Fribourg en Allemagne. Depuis 2013 enfin, j’enseigne à la Sorbonne Nouvelle. Qui suis-je?
Revue n°11
Passionné par les concepts de nation et de mémoire en Europe centrale et orientale, j’ai appris au travers de mes nombreux voyages et de ma carrière universitaire à déconstruire les stéréotypes et à comprendre la notion d’interculturalité. La chute du mur de Berlin en 1989 a été pour moi un événement marquant, qui m’a permis de découvrir cette « autre Europe », zone pleine de mystère. Je suis né en 1974 à Arras dans le Pas-de-Calais, dans une famille aussi peu germanophone que possible, et cela m’a semblé être une bonne raison pour faire de l’allemand. Dès le collège, j’ai participé à des échanges scolaires : la ville où j’habitais à l’époque, Vanves (dans les Hauts-de-Seine), était jumelée avec Lehrte près d’Hanovre. N’étant pas sûr de mon orientation professionnelle après le bac, je me suis tourné vers un Diplôme d’Études Universitaires Générales (DEUG) d’allemand. Durant mon passage à Asnières en 1992, j’ai obtenu une bourse me permettant d’aller étudier à Tübingen l’année suivante. Les cours passionnants proposés par l’université et l’expérience d’un séjour de 6 mois en Allemagne m’ont convaincu de prolonger mes études à l’étranger. J’ai alors obtenu une bourse Erasmus qui m’a permis de faire ma troisième année à Graz, choisissant cette ville pour découvrir l’Autriche et me rapprocher de l’ancien bloc de l’est. A côté de l’université, je profitais de cette localisation « stratégique » pour entreprendre de nombreux voyages – en stop, en bus, en train – vers l’Est : Hongrie, Slovénie, Croatie, Roumanie, Slovaquie, etc. Faire le lien entre la culture germanophone découverte en Allemagne et en Autriche et celle des pays d’Europe centrale et orientale m’intéressait beaucoup. J’ai fait à l’été 1994 mon premier grand voyage, de Prague à Damas. Je recevais un accueil très chaleureux dans chaque pays, où l’on me mettait pourtant en garde contre tous les brigands des pays voisins ! Ces idées reçues se sont toujours révélées fausses, et cela m’a donné une compréhension profonde, par l’expérience, de ce qu’est l’interculturalité, et de la nécessité de déconstruire les stéréotypes nationaux. Toutes ces notions acquises sur le terrain, je les ai ensuite consolidées par des connaissances universitaires, mais ces voyages furent pour moi très formateurs. J’ai donc prolongé mon séjour à Graz en quatrième année avec un poste d’assistant, et ne suis rentré en France qu’après toutes ces années en milieu germanophone, l’esprit rempli d’idées et de projets de recherche. Seulement, j’appris à mon retour qu’il était nécessaire que je passe l’agrégation pour faire de la recherche. Après deux ans de préparation, je l’obtint en 1998. J’ai ensuite enseigné pendant deux ans dans le secondaire, mais me suis rendu compte que je préférais reprendre la recherche et enseigner dans le supérieur. L’année suivante, j’obtins une bourse pour entamer une thèse. Je voulais allier réflexion sur les politiques mémorielles, avec lesquelles je m’étais déjà familiarisé durant mon mémoire de maîtrise, et mon intérêt pour l’Europe centrale et orientale. J’ai soutenu cette thèse en 2006, elle s’intitulait « Les frontières du dicible : les Saxons de Transylvanie et la Seconde Guerre Mondiale ». En parallèle de ma thèse, j’avais travaillé en tant qu’ATER à l’Institut d’études européennes de Paris 8, ce qui m’avait permis d’élargir mon domaine d’études aux thématiques de la 13 construction nationale en général. Juste après ma soutenance, j’ai été recruté comme maître de conférences à l’université de Reims, et après quelques années d’enseignement en ChampagneArdennes, j’ai été recruté à Paris 3, où j’enseigne depuis. A côté de cette carrière très académique, j’ai développé depuis mes années d’études en Allemagne et en Autriche une importante activité musicale en tant que chanteur. Ces deux parcours mobilisent des ressources très différentes mais elles se complètent et peuvent aussi se rencontrer – j’initie depuis deux ans les étudiants préparant les concours dans notre département aux techniques de respiration et de placement de voix pour les préparer à la fois aux oraux et à leur future activité d’enseignant. dad, canPassionné par les concepts de nation et de mémoire en Europe centrale et orientale, j’ai appris au travers de mes nombreux voyages et de ma carrière universitaire à déconstruire les stéréotypes et à comprendre la notion d’interculturalité. La chute du mur de Berlin en 1989 a été pour moi un événement marquant, qui m’a permis de découvrir cette « autre Europe », zone pleine de mystère. Je suis né en 1974 à Arras dans le Pas-de-Calais, dans une famille aussi peu germanophone que possible, et cela m’a semblé être une bonne raison pour faire de l’allemand. Dès le collège, j’ai participé à des échanges scolaires : la ville où j’habitais à l’époque, Vanves (dans les Hauts-de-Seine), était jumelée avec Lehrte près d’Hanovre. N’étant pas sûr de mon orientation professionnelle après le bac, je me suis tourné vers un Diplôme d’Études Universitaires Générales (DEUG) d’allemand. Durant mon passage à Asnières en 1992, j’ai obtenu une bourse me permettant d’aller étudier à Tübingen l’année suivante. Les cours passionnants proposés par l’université et l’expérience d’un séjour de 6 mois en Allemagne m’ont convaincu de prolonger mes études à l’étranger. J’ai alors obtenu une bourse Erasmus qui m’a permis de faire ma troisième année à Graz, choisissant cette ville pour découvrir l’Autriche et me rapprocher de l’ancien bloc de l’est. A côté de l’université, je profitais de cette localisation « stratégique » pour entreprendre de nombreux voyages – en stop, en bus, en train – vers l’Est : Hongrie, Slovénie, Croatie, Roumanie, Slovaquie, etc. Faire le lien entre la culture germanophone découverte en Allemagne et en Autriche et celle des pays d’Europe centrale et orientale m’intéressait beaucoup. J’ai fait à l’été 1994 mon premier grand voyage, de Prague à Damas. Je recevais un accueil très chaleureux dans chaque pays, où l’on me mettait pourtant en garde contre tous les brigands des pays voisins ! Ces idées reçues se sont toujours révélées fausses, et cela m’a donné une compréhension profonde, par l’expérience, de ce qu’est l’interculturalité, et de la nécessité de déconstruire les stéréotypes nationaux. Toutes ces notions acquises sur le terrain, je les ai ensuite consolidées par des connaissances universitaires, mais ces voyages furent pour moi très formateurs. J’ai donc prolongé mon séjour à Graz en quatrième année avec un poste d’assistant, et ne suis rentré en France qu’après toutes ces années en milieu germanophone, l’esprit rempli d’idées et de projets de recherche. Seulement, j’appris à mon retour qu’il était nécessaire que je passe l’agrégation pour faire de la recherche. Après deux ans de préparation, je l’obtint en 1998. J’ai ensuite enseigné pendant deux ans dans le secondaire, mais me suis rendu compte que je préférais reprendre la recherche et enseigner dans le supérieur. L’année suivante, j’obtins une bourse pour entamer une thèse. Je voulais allier réflexion sur les politiques mémorielles, avec lesquelles je m’étais déjà familiarisé durant mon mémoire de maîtrise, et mon intérêt pour l’Europe centrale et orientale. J’ai soutenu cette thèse en 2006, elle s’intitulait « Les frontières du dicible : les Saxons de Transylvanie et la Seconde Guerre Mondiale ». En parallèle de ma thèse, j’avais travaillé en tant qu’ATER à l’Institut d’études européennes de Paris 8, ce qui m’avait permis d’élargir mon domaine d’études aux thématiques de la 13 construction nationale en général. Juste après ma soutenance, j’ai été recruté comme maître de conférences à l’université de Reims, et après quelques années d’enseignement en ChampagneArdennes, j’ai été recruté à Paris 3, où j’enseigne depuis. A côté de cette carrière très académique, j’ai développé depuis mes années d’études en Allemagne et en Autriche une importante activité musicale en tant que chanteur. Ces deux parcours mobilisent des ressources très différentes mais elles se complètent et peuvent aussi se rencontrer – j’initie depuis deux ans les étudiants préparant les concours dans notre département aux techniques de respiration et de placement de voix pour les préparer à la fois aux oraux et à leur future activité d’enseignant. dad, can
Devant le rayon chocolats au supermarché, on peut se trouver face à un dilemme : il y a trop de choix de chocolats. Il semble même s’agir d’un choix politique : quelle cause souhaite-t-on soutenir ? Les différents labels présents notamment dans le domaine des produits cacaotés peuvent porter à confusion. À cela s’ajoutent les doutes que l’on peut avoir sur la crédibilité de ces labels. Leurs standards suffisent-ils pour justifier un surprix du produit et garantir le bien-être des travailleur·euse·s et de l’environnement ? Les promesses faites par le label sont-elles vraiment tenues ?
Prenons l’exemple d’un des labels les plus connus : Fairtrade.
Les standards de Fairtrade se rapportent au bien-être des travailleur·euse·s et à la protection de l’environnement. Il faut que les traders, les importateur·ice·s, les industriel·le·s et les transformateur·ice·s payent un prix équitable aux producteur·ice·s, ainsi qu’une prime de développement qui est censée permettre au producteur ou à la productrice d’investir dans des conditions de travail équitables et dans une agriculture plus écologique. C’est-à-dire que le producteur ou la productrice est censé·e pouvoir adopter des techniques de production durables. Fairtrade ne certifie pas de produits génétiquement modifiés.
Une autre exigence de Fairtrade est de développer des relations de long-terme avec les producteur·ice·s pour leur accorder une garantie.
Il est intéressant d’évoquer à ce sujet le “bilan de masse”: un certain pourcentage du produit doit être certifié pour que le produit ait le droit de porter le label. Par exemple, le cacao dans une tablette de chocolat peut être certifié, mais le lait ne l’est pas. Bien sûr, l’acheteur soutient une bonne cause, mais il est important de garder cela en tête.
Pour comprendre si le label est légitime, il faut regarder de plus près son fonctionnement et notamment les liens avec FLOCERT (Fairtrade Labelling Organizations International Certification) qui est responsable de la certification de produits.
Le rôle de FLOCERT dans la labellisation est d’évaluer les candidatures et de visiter régulièrement les fermes de producteur·ice·s. Sur la durée de trois ans d’une certification, les fermes sont visitées deux fois. FLOCERT vérifie ainsi si les standards de Fairtrade sont respectés. Les entreprises intermédiaires – les traders, donc les importateur·ice·s, les industriel·le·s et les transformateur·ice·s sont de même contrôlé·e·s. FLOCERT vérifie que les quantités de produits labellisés vendues correspondent aux quantités achetées au producteur ou à la productrice, puis l’organisation vérifie que les traders font bien la différence entre produits labellisés et non-labellisés dans leurs entrepôts.
Il est difficile à dire si ces standards sont toujours respectés et si les contrôles sont toujours effectués, car Fairtrade dépend financièrement des produits labellisés.
L’organisation FLOCERT est soumise à Fairtrade mais se déclare indépendante – ce qui est confirmé par le DAkkS (le corps d’accréditation d’Allemagne). Le DAkkS déclare se financer par des frais d’évaluation et d’accréditation et par le soutien pour certaines activités du ministère de l’Economie et du Climat en Allemagne. Le corps d’accréditation déclare ne pas être orienté vers le profit.
Comment Fairtrade se finance-t-il ? D’une part par le surprix de l’acheteur et d’autre part par les frais que paient les traders et les producteur·ice·s pour l’inspection de FLOCERT et pour le droit de marque.
On peut donc avoir des doutes quant à l’indépendance de Fairtrade et de FLOCERT, car le label dépend en partie financièrement des recettes des inspections faites par le certificateur FLOCERT.
“À but non-lucratif” laisse toujours des questions ouvertes, car la survie de l’organisation doit quand même être assurée. Est-ce donc une attestation de crédibilité ?
MOJ
Une alimentation à repenser : la place des aliments ultra-transformés en France
La France est considérée comme le pays de la gastronomie et de la cuisine authentique, cependant elle est aussi confrontée aux risques multiples d’une alimentation composée d’aliments ultra-transformés. C’est la raison pour laquelle l’obésité touche aujourd’hui dans notre pays 17 % de la population, soit 8 millions de personnes. Ce qui est nouveau, c’est l’augmentation de ces données chez les jeunes, notamment chez les 6-18 ans. On impute à la mauvaise alimentation 11 % des décès en France et on estime qu’entre 30 et 35 % des calories ingérées par les adultes proviennent d’aliments ultra-transformés ; ce constat est particulièrement vrai chez les plus pauvres. Il s’agit donc du premier facteur de risque de perte d’années de vie en bonne santé, devant le tabac et l’alcool. De plus, depuis le début des années 2000, la santé commence à revenir au cœur de l’alimentation, c’est la raison pour laquelle les gouvernements successifs ont tenté de mettre en place des campagnes de prévention pour inciter les Français·es à mieux manger, comme par exemple « Manger cinq fruits et légumes par jour. »
Même s’il existe déjà de nombreuses recherches scientifiques, il reste nécessaire de mettre en lumière les mécanismes sous-jacents afin de pouvoir trouver des solutions adaptées. En effet, dans ce contexte où nous avons facilement accès à une offre alimentaire diverse et variée, il est parfois difficile de s’y retrouver en tant que consommateur·ice, notamment en ce qui concerne les bons gestes à adopter pour avoir une alimentation saine.
Quelles sont les caractéristiques de ces aliments ?
Il est toutefois nécessaire d’établir une frontière claire entre les aliments dits « transformés », « ultra-transformés » et les aliments industriels. Cette distinction est essentielle car la plupart des aliments que nous consommons sont transformés, pour autant cela ne veut pas dire qu’ils sont nocifs pour notre santé. Les aliments transformés sont souvent bruts ou peu transformés. On peut les cuisiner afin d’augmenter leur durée de vie ou de modifier leurs qualités sensorielles. Ainsi le pain, le fromage ou encore les aliments conservés en salaison sont des aliments transformés, dans le sens où ils ont subi une transformation au cours d’un processus, les menant d’un état brut à un état plus élaboré. Au contraire, les aliments ultra-transformés ont subi d’importants procédés de transformation au cours desquels on a ajouté des additifs non nécessaires à la sécurité sanitaire du produit ou des substances industrielles, comme les plats déjà préparés. Cela permet entre autres d’améliorer la qualité sensorielle des aliments.
Cette définition des aliments ultra-transformés établit donc une distinction claire entre les transformations dites « traditionnelles » comme la salaison, le séchage ou la fermentation, et les méthodes plus récentes issues des progrès de la science. Les aliments ultra-transformés ne se confondent pas avec les aliments industriels mais ils concernent une classe spécifique de nouveaux aliments, conçus pour être à la fois pratiques et attrayants sur le plan gustatif. On les retrouve également à des prix relativement abordables dans nos rayons de supermarchés, ce qui contribue à les rendre attrayants, en particulier dans un contexte où l’inflation est aux alentours des 5% et où le pouvoir d’achat des Français·es est fragile. Enfin, ils tendent à se substituer aux aliments moins transformés, notamment par le biais de campagnes de marketing. Par conséquent on estime qu’entre 30 et 35% des calories ingérées par les adultes en France proviennent des aliments ultra-transformés. Ces aliments sont donc plus répandus dans notre alimentation qu’on pourrait le penser.
Ont-ils un réel impact sur notre santé ?
Si les chiffres sont assez clairs, le lien entre ce type d’alimentation et l’impact sur notre santé n’est pas si évident qu’il n’y paraît. En effet, les agences de santé publique conseillent à un homme sédentaire de consommer entre 2200 et 2600 calories par jour et pour une femme sédentaire, entre 1600 et 2000 calories par jour. Pour bien se rendre compte de l’apport nutritionnel des aliments, 20 grammes de chocolat noir correspondent à 100 calories et 100 grammes de Nutella correspondent à plus de 500 calories. Si on reprend l’exemple du Nutella, il est composé à 56% de sucres et 15% d’huile de palme. On peut donc parler de calories vides, puisqu’elles n’apportent rien à l’organisme sauf des graisses saturées et du sucre, mais c’est surtout la concentration de ces éléments qui est nocive. Le fait d’être en surplus calorique, c’est-à-dire consommer plus de calories que nos besoins journaliers, est très facilement atteignable et concerne beaucoup plus de monde qu’on ne le pense.
Comme évoqué précédemment, les aliments ultra-transformés sont très souvent hypercaloriques. C’est la raison pour laquelle la fréquence à laquelle nous les rencontrons dans nos assiettes est problématique, puisqu’ils sont trop sucrés, trop riches en graisses saturés et contiennent des additifs ; cela favorise de nombreuses maladies chroniques comme les problèmes cardio-vasculaires, l’obésité mais aussi l’augmentation du risque de cancer. La présence de ces aliments en grande quantité dans notre alimentation est d’autant plus problématique que nous passons le plus clair de notre temps assis. La sédentarité et une alimentation trop riche sont donc des facteurs aggravants pouvant entraîner des maladies.
Selon une nouvelle étude associant des chercheurs et chercheuses de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) et de l’Université Paris 13 (Centre de recherche épidémiologie et statistique Sorbonne Paris Cité, équipe EREN), le fait d’ajouter 10 % d’aliments ultra-transformés augmenterait le risque d’attraper un cancer de 10 %. Cette étude « NutriNet-Santé » a été réalisée auprès de 105 000 français.
De 2009 à 2017, les participant·e·s à l’étude ont rempli des questionnaires en ligne sur ce qu’ils et elles mangeaient. Les chercheurs se sont intéressés auxproduits ultra-transforméscomme : lespains industriels, sucreries, desserts, céréales, boissons sucrées, viandes transformées(boulettes, nuggets, jambon avec additifs, etc.), mais aussi lespâteset soupes instantanées, plats préparéssurgelés ou en barquette… D’une manière générale, tout ce qui est trop éloigné du produit originel comme les soupes instantanées en poudre et les plats préparés industriels. Sur les 8 années d’étude, 2 228 cas de cancers ont été diagnostiqués et validés. Un autre problème avec ces aliments est la présence de perturbateurs endocriniens comme les pesticides dans les fruits, légumes, céréales ou d’autres substances (dioxines, PCB, métaux lourds) dans les poissons prédateurs notamment (saumon, thon …). Les polluants peuvent également provenir de l’emballage. Ce sont des substances qui altèrent la régulation hormonale de notre corps, même à très faible dose, et sont incriminées dans la survenue de cancers, hyperactivité, diabète de type 2, obésité, infertilité, etc…
Les effets de ces aliments sur notre santé sont donc visibles même s’ils ne sont pas les seuls facteurs de maladies. Ces aliments ne sont pas mauvais en eux-mêmes, mais c’est la quantité et la fréquence à laquelle on les consomme qui peut s’avérer dangereuse pour notre santé. Il ne faut pas les bannir mais simplement se rendre compte de leurs impacts sur notre santé et les consommer avec modération.
Quelques conseils et bons gestes :
L’offre alimentaire est très diversifiée de nos jours et on peut parfois se perdre dans les rayons d’un supermarché. Il existe cependant quelques aides qui peuvent s’avérer précieuses. Tout d’abord il y a le très célèbre « nutri-score » qui permet de classer les aliments dans différentes catégories, la meilleure étant la catégorie « A » et la plus mauvaise, la « E ». Ce modèle est basé sur un score qui prend en compte, pour 100 grammes ou 100 millilitres de produit : la teneur en nutriments et aliments à favoriser comme les fibres, les protéines, les fruits à coques ou les légumes et en nutriments à limiter comme le sel, le sucre ou les acides gras saturés. C’est d’après ce modèle que l’on attribue une lettre et une couleur au produit soumis au test. Ce système a été mis en place en 2017 en France et permet déjà d’avoir un premier aperçu sur la composition d’un produit.
Il existe également une multitude d’applications qui font tout le travail à votre place et classifient les aliments comme « Yuka ». Mais cette aide ne suffit pas en elle-même, il existe d’autres gestes qui peuvent aider les consommateur·ice·s. En effet, lire la composition du produit qui doit figurer au dos de ce dernier est une bonne solution car on y retrouve, pour 100 grammes, la composition nutritionnelle, le nombre de calories contenues mais aussi les additifs qui pourraient être présents. Cela nécessite de prendre plus de temps lorsqu’on fait ses courses, mais le jeu en vaut la chandelle.
Enfin une autre astuce qui peut paraître simple mais à laquelle beaucoup de gens ne pensent pas, c’est tout simplement d’acheter des produits bruts comme les fruits et légumes en vrac, de la viande et du poisson chez les artisans pour ceux qui en consomment et de cuisiner tout ça à la maison. Cela permet de savoir ce que l’on met dans son assiette, mais surtout de tester de nouvelles recettes. Cependant, cette façon de consommer ne convient pas forcément à tout le monde, car certaines personnes manquent de temps, d’autres d’argent. Il est possible d’acheter des produits de bonne qualité grâce aux applications comme « Too good to go ». En effet, les magasins mettent en ligne leurs invendus et il n’y a plus qu’à les réserver à bas prix.
Une mauvaise alimentation est certes un facteur aggravant qui entraîne le plus souvent des maladies chroniques. Mais il ne faut pas oublier que d’autres facteurs aggravants très présents dans nos sociétés modernes peuvent avoir un impact sur notre santé, comme la sédentarité ou la pollution de l’air ou encore la prise de certains médicaments.
MXP
Les sources :
-Inserm (Institution Nationale de la Santé et de la Recherche Médicale).
-WILLIOT Jean-Pierre, FUMEY Gilles, « Chapitre II. Transformer, conserver, commercer », dans : Jean-Pierre Williot éd., Histoire de l’alimentation. Paris cedex 14, Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2021, p. 18-33. URL : https://www.cairn.info/histoire-de-l-alimentation–9782715406834-page-18.htm.
6.Farandole de desserts : pour tous·tes les gourmand·es
L’étudiant français face à la précarité, un festin d’inquiétudes
Dans ce manège de parc d’attraction qu’est la vie étudiante en France, les regards sont souvent tournés sur l’effervescence académique, les aspirations professionnelles, et les amitiés naissantes. Cependant, derrière cette façade, une zone d’ombre est présente : celle de la précarité étudiante.
La flambée des prix alimentaires
Dans les statistiques économiques post COVID, un chiffre retient particulièrement notre attention : l’inflation. Je vous renvoie ici aux données annuelles de 1991 à 2022 concernant le taux d’inflation publiées par l’INSEE. Les étudiants, non seulement, subissent une hausse des loyers mais une hausse non négligeable, pour ne pas dire révélatrice, des coûts alimentaires de base, devenant des denrées rares pour eux. Les rayons des supermarchés deviennent un lieu d’envie, de fantasmes culinaires. Albert Mathieu, le PDG de Panzani admet lors d’une entrevue au Parisien que le prix des coquillettes qui était à 76 centimes en juillet 2021 a augmenté de 38% en deux ans, soit presque 2,75€ le kg. Les étudiants n’étaient pas prêts à cela.
L’alimentation estudiantine : entre malbouffe et sous-nutrition
La malbouffe comme solution de facilité :
Au cœur de cette crise alimentaire se trouve la tentation de la malbouffe, une compagne familière des étudiants pressés et stressés. Les repas rapides, souvent riches en sucres et en gras, deviennent des substituts alléchants pour des repas équilibrés mais chronophages. La malbouffe est satisfaisante sur le moment mais entraîne des conséquences dramatiques sur la santé des étudiants. Prix, stress, santé : voici la somme de la vie d’un étudiant.
Sous-nutrition : une menace silencieuse
En parallèle à la malbouffe, la sous-nutrition émerge comme une menace silencieuse. Les étudiants se retrouvent parfois incapables de garantir une alimentation saine et équilibrée. Carences et repas irréguliers peuvent devenir courants, ce qui épuise mentalement et physiquement les étudiants.
Le Bio, pas une priorité pour l’étudiant : Entre rêves et réalité budgétaire
Bio ou pas Bio ?
Le bio, souvent promu comme la fontaine de jouvence d’une alimentation saine et éthique, reste un luxe pour de nombreux étudiants. Les rayons bio des supermarchés, bien que séduisants, sont souvent synonymes de prix plus élevés. Pour l’étudiant moyen, déjà aux prises avec des dilemmes financiers, opter pour des produits bio semble être une fantaisie inaccessible. Cette réalité soulève une question essentielle : Qu’en est-il des actions publiques qui démocratiseraient l’accès au bio, voire une alimentation saine tout simplement ?
Les alternatives abordables :
Néanmoins, il existe des alternatives. Les applications, comme Getir ou Too Good To Go, proposent des paniers de nourriture à très peu cher. Et ils peuvent obtenir, par cette même occasion, des fruits et légumes qui sont prévus d’être jetés car la date de péremption arrive bientôt ou parce que leur forme n’est pas parfaite. Mais pour vraiment arriver à nos fins, il faut qu’il y ait des collaborations entre les acteurs publics et privés pour trouver des solutions !
Vers une révolution alimentaire étudiante
L’étudiant français, entre précarité et besoins nutritionnels, se retrouve à la croisée des chemins. La question du bio mérite d’être abordée. En unissant nos efforts, il est possible de créer un environnement où chaque étudiant peut poursuivre ses rêves académiques sans sacrifier sa santé et son bien-être.
La précarité étudiante n’est pas une fin en soi, elle doit être le point de départ de débats pour un avenir alimentaire plus serein.
ELA
Potager amateur ou autarcie alimentaire ?
L’autarcie alimentaire peut être définie simplement comme la capacité à une certaine échelle (nationale, locale) de subvenir aux besoins alimentaires d’une population, uniquement par ce que cette dernière cultive. C’est donc l’idée que les individus ne consomment que ce qu’ils produisent.
Certains utilisent le terme de “souveraineté alimentaire” qui désigne également une certaine autonomie, mais dans une moindre mesure puisqu’elle tolère les échanges, commerciaux notamment avec d’autres territoires. L’autarcie alimentaire au contraire repose sur une complète autonomie, ce qui est rendu difficile par la mondialisation.
Dans le cadre des problématiques engendrées par le développement durable, la préfecture du département du Tarn, à savoir la ville d’Albi s’est lancée dans un projet ambitieux, celui de tendre vers une autonomie alimentaire. En effet, en 2014 la commune d’Occitanie a annoncé vouloir atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2020. Les buts affichés par la mairie sont notamment de favoriser l’agriculture de proximité et ainsi renforcer les liens entre les producteurs et les consommateurs, mais aussi de donner accès à des produits locaux, de bonne qualité et sains à un maximum de citadins.
Le site de la mairie d’Albi rend compte des actions qui ont été réalisées et nomme par exemple la création d’un potager dans le parc Rochegude, ou encore l’entretien de jardins partagés par l’association Les Incroyables Comestibles. Par ailleurs, ce projet a permis d’aménager plus de 1000m² de jardins. La mairie d’Albi souligne le rôle clé de la « Cuisine centrale municipale » qui permet entre autres de proposer tous les mois un repas 100% local qui est ensuite distribué dans les restaurants scolaires ou autres collectivités.
Néanmoins ce projet est critiqué, considéré comme un « coup de pub » pour la ville, en raison de sa rapide médiatisation, les actions concrètes ont tardé à voir le jour. Les critiques évoquent notamment le choix de la mairie de céder des terres cultivables pour la construction d’une grande surface, ce qui ne rentre pas en adéquation avec l’idée d’une consommation locale.
Il semble donc difficile de concilier les enjeux sociaux et environnementaux avec les problématiques économiques.
En plus des initiatives collectives pour une certaine émancipation des réseaux de la grande distribution, certaines personnes entreprennent également ces démarches à une échelle plus personnelle. Dans un moment où la stabilité des ressources alimentaires paraît en danger, certains décident de passer individuellement à l’action et de commencer à développer un mode de vie autarcique. En effet, les évènements récents tels que la guerre en Ukraine ont entraîné une augmentation des cours du pétrole et de ce fait une augmentation du coût de la production agricole, ce qui rend la distribution alimentaire instable.
L’autarcie alimentaire peut s’expliquer comme une réponse à une crise ou comme une nécessité dans certains cas mais aussi comme un choix idéologique. Le processus d’indépendance est souvent progressif et les modes de fonctionnement sont aussi multiples que le nombre de personnes qui pratiquent l’autarcie. De plus, les degrés d’indépendance peuvent varier d’une simple indépendance alimentaire jusqu’à une totale indépendance des systèmes d’électricité et d’eau courante.
Samuel Lewis, un paysan et artisan d’origine britannique, illustre l’une des façons de concevoir ce mode de vie particulier. Il habite depuis 30 ans à Druault, dans les Côte-d’Armor avec sa famille et consacre une grande partie de son temps à cultiver sa parcelle de quatre hectares. Il y fait pousser une grande variété d’aliments tels que des panais, des épinards, des poireaux, des blettes etc. Il peut ainsi cultiver sa propre nourriture et élaborer des plats dont il contrôle toute la chaîne de production. Cette démarche s’inscrit dans une quête de sens et du sentiment d’être capable de produire tout ce dont il a besoin pour vivre. Il conçoit sa démarche comme une sorte d’hommage à la terre et à ce qu’elle peut donner et décrit ses efforts comme un “travail en équipe entre lui et la terre”. Selon lui, c’est le constat, réalisé lorsqu’il était assez jeune, de sa dépendance à l’argent qui l’a entraîné à avoir ce mode de vie. L’intérêt majeur de sa démarche est donc d’avoir l’assurance qu’il pourrait potentiellement se passer de tout argent dans sa vie quotidienne. Toutefois, il reconnaît qu’il lui arrive d’acheter des aliments qu’il considère comme des extras, ce qui l’éloigne d’une vision absolue de l’autarcie alimentaire. De plus, loin des préjugés selon lesquels l’autarcie irait de paire avec l’isolement et la marginalité, Samuel utilise les réseaux sociaux afin de diffuser son expérience à l’aide de graphismes réalisés par ses soins (@samueljardinierartiste). Conscient de l’importance de la transmission, il a publié un livre sur sa méthode d’agriculture traditionnelle qui a pour outils principaux la houe et la faux et qui refuse l’aide de tracteurs ou de chevaux.
Ce rythme de vie paraît être en décalage avec la vie contemporaine, en particulier urbaine et son rapport singulier au temps est peut-être l’une des conséquences les plus marquantes de cette démarche. Cette conception personnelle du temps est décrite avec éloquence par Samuel : «La rapidité, ce n’est pas le but. Pourquoi faire vite? Qu’est-ce qu’on va faire le reste du temps? »
JEF et LOF
Tendances végétales : comparaison France – Allemagne
Quelle est la place du végétarisme et du véganisme en Allemagne et en France ?
Selon une enquête récemment publiée dans “Die Tagesschau”, 9 % des Allemands sont végétariens et 3 % se considèrent comme végan. Une personne végétarienne suit un système alimentaire qui supprime toute chair d’origine animale.
Les végans suppriment non seulement toute viande de leur alimentation, mais aussi tout produit d’origine animale comme des œufs, du lait et du beurre. Le véganisme ne se réduit pas seulement à un régime alimentaire, il inclut aussi tous produits du quotidien. Par exemple la cosmétique testée sur des animaux ou avec des ingrédients d’origine animale, ou les chaussures et canapés en cuir.
Ce sont surtout des femmes âgées de moins de 30 ans qui prennent la décision de renoncer à la viande. 41 % des Allemands sont flexitariens. Ce sont des gens qui réduisent leur consommation de viande au minimum. Selon des études réalisées en France sur le même sujet, seulement 2,2 % sont végétariens ou végans. 24 % des habitants dans l’Hexagone sont flexitariens.
Quelles sont les principales motivations pour une alimentation végétale ?
Les principales motivations en faveur d’un régime végétarien sont d’ordre éthique (le bien-être des animaux), écologique (protection de l’environnement) et médical. Certaines personnes choisissent un régime végan ou végétarien pour des raisons éthiques liées au traitement des animaux. Elles peuvent être préoccupées par les conditions d’élevage intensif, l’abattage des animaux ou la souffrance animale en général.
Concernant les raisons environnementales, l’industrie de l’élevage est une source importante de pollution de l’eau, de déforestation et d’émissions de gaz à effet de serre. Les personnes qui adoptent une alimentation végétale le font souvent dans le but de réduire leur empreinte carbone et de contribuer à la préservation de l’environnement.
De plus, une alimentation végétale bien équilibrée peut préserver des maladies graves.
Pourquoi il y a si peu de végétariens et végans en France ?
La majorité des Français (79 %) pense qu’il est nécessaire de manger de la viande pour rester en bonne santé. La viande est souvent considérée comme un aliment nourrissant et satisfaisant, qui apporte de l’énergie et aide à la croissance et au développement musculaire. Un autre facteur qui est en faveur de la consommation de viande des Français est la culture culinaire française. Cette dernière est réputée pour ses plats à base de viande, tels que le bœuf bourguignon, le coq au vin ou le magret de canard. La viande est considérée comme un aliment de base dans de nombreux plats traditionnels français.
En outre, la viande était autrefois prestigieuse, c’était un privilège d’en manger et elle servait comme marqueur d’identité. L’ethnologue Colette Méchin remarque que manger de la charcuterie permettait de se placer au-dessus des gens qui se sont nourrissaient d’une alimentation végétale.
Aujourd’hui, la viande est un symbole de masculinité et de virilité. Ne pas consommer de la viande est considéré comme être mal nourri en France. 90 % de la population française pense que manger de la viande est compatible avec le bien-être des animaux, ce qui expliquerait aussi pourquoi il y a si peu de végétariens en France.
En Allemagne, la population est beaucoup plus critique au sujet de l’élevage à la batterie et du bien-être des animaux. On remarque également une très grande différence en termes de substitutions à la viande, au poisson ou bien aux produits laitiers. Chez les Allemands, il y a toujours des produits alternatifs et tout est quasiment végan. Au contraire, en France il est beaucoup plus difficile d’en trouver. Même si on en trouve, la diversité n’est pas grande. En Allemagne, la diversité des produits de substitution est immense, cela pourrait influencer le choix de devenir végétarien ou végan.
Au niveau des prix, il y a aussi une grande différence entre les deux pays. Acheter du tofu dans un supermarché français revient par exemple plus cher qu’acheter du tofu dans un supermarché allemand. Cela pourrait aussi jouer un rôle dans la décision de vivre végétariens ou végans. D’ailleurs, chez nos voisins, on ne remarque pas une grande différence par rapport aux prix, il y a même beaucoup de supermarchés qui ont décidé de baisser leur prix des produits végan au même prix que les produits non-végans. Par exemple un yaourt végan au même prix qu’un yaourt qui n’est pas végan.
Est-ce que le régime végétarien ou végan est bénéfique ou néfaste pour la santé ?
La viande fournit de l’énergie sous forme d’hydrates de carbone, de protéines bien assimilables, de fer, de vitamine B12 et plus encore.
Cependant, manger trop de viande n’est pas bon pour la santé. Des nutritionnistes confirment que le régime végétarien réduit le risque de maladies cardiaques car les aliments végétaux ont une teneur faible en graisse saturée et en cholestérol. De plus, renoncer à la viande diminue le risque de diabète, et de pression artérielle trop élevée, et aide à un meilleur fonctionnement des vaisseaux sanguins. Par ailleurs, une alimentation végétarienne ou végan prévient l’obésité et certains types de cancer.
Cela est notamment démontré par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la Santé qui a même classé la viande transformée comme « cancérigène ». Tout particulièrement, la viande rouge peut avoir un impact sur la santé mentale. Une étude de chercheurs australiens et américains prouve que la consommation de la viande rouge favorise des symptômes de dépression.
Manger de la viande d’origine biologique a donc des avantages pour la santé mais aussi des inconvénients. Il ne faut pas oublier que de nombreux végétariens et végans ont arrêté de consommer de la viande parce qu’ils sont contre l’élevage industriel, ou simplement parce qu’ils ne veulent pas qu’un animal meure pour eux, ou encore pour des raisons environnementales, etc.
Bien qu’il soit plus facile d’obtenir tous les nutriments grâce à la consommation de viande, si on investit un peu de temps à rechercher, on pourrait rapidement comprendre comment obtenir tous les nutriments avec un régime végétarien ou végan. Chacun doit prendre cette décision pour soi-même.
J’ai tenté Inoveat, un restaurant gastronomique spécialisé en… insectes. À première vue, cela peut ne pas sembler très ragoûtant, voire en dégoûter certain·e·s. Or, Inoveat nous invite à nous interroger sur cette réticence : n’est-elle pas culturelle, sociale ? Il n’est pas choquant de consommer des insectes dans certaines régions d’Asie, par exemple.
La culture et la société changent de manière permanente, mais nos traditions sont construites depuis des siècles.
Prenons lespommes de terre. Elles ne sont apparues en France qu’avec la colonisation des Amériques, et suscitaient d’abord de la méfiance… On disait qu’elles transportaient la lèpre ! Elles ont été admises comme aliment dans l’imaginaire collectif grâce aux efforts d’Antoine Parmentier, qui a encouragé leur culture en réponse aux nombreuses famines du XVIIIe siècle.
Et pourtant, la pomme de terre est aujourd’hui un élément essentiel de nos plats traditionnels comme la tartiflette, emblème de la cuisine française. Certes. Mais est-ce une tradition ? Non. La tartiflette a été à vrai dire créée dans les années 1980… pour favoriser la vente du Reblochon !
Cela montre que la tradition culinaire française à laquelle nous sommes si attaché·e·s est en réalité malléable, selon les enjeux et les acteurs du moment. Inoveat amorce peut-être à son tour, subtilement et délicieusement (si, si, je vous assure), un tournant dans le paysage culinaire français.
C’est un petit restaurant au cœur de Paris. Nous sommes accueilli·e·s directement par le chef Laurent Veyet et un serveur ou une serveuse, qui nous accompagneront tout au long du repas. En effet, il y a une seule table accolée à un établi et une cuisine où le chef confectionne et arrange les plats au fur et à mesure – et anime les discussions.
Il s’agit donc d’un espace de découverte à la fois gustative et interpersonnelle. Entre clients, on échange nos perceptions sur l’ingestion d’insectes, nos expériences, nos attentes… Tandis que le chef nous écoute, nous répond et nous informe avec passion.
La cuisine d’insectes n’est pas son métier principal, car il est difficile d’en vivre financièrement.
Mais il s’y est attaché, notamment aux causes dont elle est porteuse.
En premier lieu, une cause écologique. Les insectes peuvent être une alternative à la viande, dont la surconsommation est un enjeu climatique majeur aujourd’hui. Ainsi, d’après une étude du “Monde”, la viande est la troisième source d’émissions polluantes par habitant en France. Or, les insectes sont extrêmement riches en protéines (même si leur proportion varie selon l’espèce), en particulier parce qu’on les consomme majoritairement cuits ou secs. Ainsi, la farine d’insectes est composée à 70 % de protéines !
Photo : soufflé et pain à la farine de vers… de farine.
Les fermes d’insectes sont également beaucoup moins coûteuses en ressources (eau, nourriture), en espace et surtout en CO2 que les élevages d’animaux, pour un apport nutritif similaire. C’est pour cela qu’elle est déjà utilisée parfois dans la nourriture de vos animaux de compagnie. J’ai vérifié : les croquettes de mon chat en contiennent réellement.
Mais il s’agit également d’une cause éthique ou morale, lorsque l’on réfléchit en termes de souffrance animale. Les analyses scientifiques actuelles sont consensuelles : les insectes n’en ressentent quasiment pas, voire pas du tout. Infiniment moins donc qu’un bœuf ou qu’un agneau. Ainsi, certains végétarien·ne·s ou véganes autour de moi se sont déclaré·e·s prêt·e·s à consommer des insectes. Mais c’est un choix qui varie évidemment en fonction des sensibilités et des motivations de chacun.
Enfin, le chef est attiré par le défi que représente la cuisine des insectes face à l’adversité des habitudes communes. Défi qu’il relève (selon moi) avec brio.
En revisitant et en associant des plats traditionnels avec des insectes, et par ses astucieuses créations personnelles, il allie savamment innovation et tradition pour intégrer déjà, bien qu’à moindre mesure, les insectes au fameux repas gastronomique français, patrimoine immatériel de l’humanité selon l’UNESCO.
Alors… tenté·e ?
LRM
Comment démasquer les cannibales de votre entourage ?
Je vous dis « cannibalisme ». Des images vous viennent en tête : une tente amérindienne ornée de scalps et des restes de corps humains sur les braises ; le Radeau de la Méduse ; un avion écrasé dans la cordillère des Andes et ses occupants, des rugbymen uruguayens, réduits à s’entremanger pour survivre pendant soixante-dix jours ; l’un des étudiants de l’université Sorbonne Nouvelle dans les années 1980’, Issei Sagawa, officiellement doctorant en littérature
Comparée… mais officieusement assassin, violeur et cannibale.
Tout cela semble bien loin, dans l’espace et dans le temps (quoique…). Pour vous rassurer davantage, je vous propose quatre critères imparables, qui vous permettront à tous les coups de démasquer les cannibales qui se cachent dans votre entourage.
– La personne est-elle greffée ? – Est-elle en faveur des mères porteuses ? -Est-elle chrétienne?– Est-elle carniste ?
Une réponse affirmative à une seule de ces questions doit vous mettre la puce à l’oreille. Gardez votre calme, mais éloignez-vous immédiatement de ladite personne et composez le 17. Le sentiment d’horreur qui vous prend à la gorge n’est pas surprenant. Vous réagissez exactement comme l’ont fait les Européens qui furent confrontés aux tribus amérindiennes dès le XVIe siècle. Les pratiques cannibales de celles-ci les fascinèrent et les effrayèrent à la fois. Elles leur semblaient inhumaines : elles dépouillaient les mangés de leur humanité. En les réduisant à de la chair, elles étaient le signe de l’immoralité et de la cruauté des mangeurs, qui ne respectaient ainsi ni leur dignité humaine, ni celle de leurs victimes.
Les missionnaires catholiques s’ingénièrent alors à faire disparaître ces pratiques considérées comme barbares, tandis que les anthropologues essaient depuis de conceptualiser ces rites et leur rejet par les Occidentaux.
Un effort de définition s’impose alors. Pour l’anthropologue Claude Lévi-Strauss, toute pratique visant à introduire volontairement, dans le corps d’êtres humains, des parties ou des substances provenant du corps d’autres êtres humains, est anthropophage. C’est donc une sous-catégorie du cannibalisme, qui, lui, porte sur les pratiques d’ingestion entre individus d’une même espèce, et se trouve donc aussi dans le règne animal.
On distingue chez les peuples anthropophages plusieurs motivations. L’explication alimentaire est la moins convaincante : s’intéressant aux pratiques cannibales paléolithiques, le chercheur James Cole a souligné les faibles valeurs nutritives de la chair humaine, en comparaison avec celles des autres chairs à disposition des humains du Paléolithique. Ainsi, la chair humaine comporte en moyenne 38% de muscle, contre 60% chez les animaux en général. En outre, son apport calorique est faible, correspondant par exemple à la moitié de l’apport calorique de la viande d’un sanglier.
La récurrence des rites anthropophages semble plutôt de l’ordre de motivations symboliques et culturelles.
L’exocannibalisme, soit le fait d’ingérer une partie du corps de l’ennemi, vise à neutraliser son pouvoir. Il existe néanmoins aussi l’endocannibalisme, la consommation d’une partie du corps d’un des membres du groupe, bien souvent afin d’assimiler les vertus du défunt. Au-delà d’une pratique individuelle, c’est un rite qui s’inscrit dans l’ordre social existant. Ainsi, l’anthropologue Eduardo de Viveiros de Castro a mis en lumière que le peuple Tupinamba du littoral brésilien existe par et pour ses adversaires : ce sont la guerre et les rites anthropophages, en d’autres termes, la relation à l’Autre, qui permettent aux Tupinamba de se définir comme une société. Le cannibalisme ne se réfère alors plus au passé, l’accomplissement d’une vengeance, mais c’est un mouvement vers l’avenir, la production d’une réalité sociale. Dans les deux cas d’exocannibalisme et d’endocannibalisme, il y a une forme d’identification à l’autre qui s’opère dans l’acte anthropophage. L’ingestion de l’ennemi s’inscrit dans une reconnaissance absolue de son humanité.
À l’inverse, les sociétés modernes préfèrent l’anthropoémie, du grec ancien « emein », vomir, à l’anthropophagie : au lieu de neutraliser nos « ennemis » en notre sein, Claude Lévi-Strauss montre que nous optons pour une stratégie de vomissement, d’expulsion hors du corps social, se traduisant par les enfermement en prison ou en asile.
Cet anthopologue revient également sur l’ethnocentrisme caractéristique de la manière dont les Européens assignent les peuples cannibales à la barbarie. Dans un article publié dans la revue La Reppublica, il souligne que des pratiques cannibales ne sont pas uniquement des exceptions dans les sociétés occidentales, mais possèdent une existence ritualisée, et ce autant sur le plan réel que sur le plan symbolique. Les injections hormonales et les greffes en sont des exemples, car « quelle différence essentielle y a-t-il entre la voie orale et la voie sanguine, entre l’ingestion et l’injection, pour introduire dans un organisme un peu de la substance d’autrui ? ».
Le cannibalisme refoulé par les Occidentaux apparaît ainsi dans plusieurs domaines. Dans la langue, avec des expressions comme « être à croquer ». Dans l’acte sexuel, où la bouche est considérée comme un objet érotique et où la volonté de faire de deux corps un seul est présente. Ou encore dans le rite chrétien de la communion, ingestion du corps christique, – qu’elle soit symbolique selon les protestants ou réelle (après transsubstantiation) selon les catholiques. Enfin, d’après les tenants de la réincarnation, soit les quelques six cents millions de bouddhistes dans le monde, toute chair est une nourriture cannibale, puisque l’unité de la vie veut que toute chair animale a été ou sera chair humaine.
La conclusion qu’on peut en tirer ? « Nous sommes tous des cannibales ». THG
Femmes et troubles alimentaires : entre idéaux masculinistes et désamour de son corps
“Prends un bout, Bois un coup” !”
Ils ne comprennent pas le dégoût,
Que je n’ai pas une faim de loup.
“Fais comme ci, Fais comme ça !”
Gonflée et ballonnée dans mon lit,
Me voilà à envisager un lavage d’estomac…
“T’es maigre !”
“T’es grosse !”
Je dois manger même si mon estomac est acide comme du vinaigre.
Ou je ne mangerai plus jusqu’à ce que je devienne une “belle gosse” !
ELA et ETR
Le corps de la femme soumis au regard de l’homme
La volonté de contrôle des corps des femmes est aussi ancienne que la domination masculine. Il passe par la création de normes et de pratiques coutumières au sein d’une société. Le corps des femmes répond à des fins sociétales, tout un corset d’obligations et d’interdits l’enferme. Une femme ne doit pas avoir de bourrelets ni de peau tombante ; à l’inverse, elle doit avoir une taille de guêpe et un ventre directement plat après une grossesse. De plus, il y a un idéal de beauté féminine qui n’a cessé de se développer au fil des siècles. Il affecte fortement la relation que la femme peut entretenir avec son corps. Cet idéal, ou devrait-on dire ces idéaux ont été imaginés via la vision masculine. Le corps de la femme est imaginé comme un “ objet esthétique voire d’art ”, en revanche celui de l’homme est pensé à travers sa fonctionnalité, comme sa condition physique ou son agilité. Voir un corps féminin comme un “ objet esthétique ” revient à l’idée que son corps est fait pour être vu, soumis au regard. Ce sont deux psychologues, Barbara Fredrickson et Tomi-Ann Roberts, qui en 1997 ont développé la théorie de l’objectification du corps des femmes. D’après elles, le corps de la femme est soumis au regard : le nez, le visage, les hanches, les bras, la poitrine, les jambes, les pieds, les épaules, la coiffure …”.
Un des standards de beauté en vogue dans nos sociétés est celui de la minceur. La minceur fait office d’objet de désir et de beauté. Combien de jeunes femmes envient-elles les mannequins qui recouvrent nos réseaux sociaux ? Comment pouvoir s’empêcher de vouloir être maigre, lorsque la femme déclarée comme étant la plus belle au monde n’a pas un bourrelet qui dépasse ? Le mythe de la minceur s’avère être dangereux pour la santé, pour la vision que peut avoir une femme sur son corps. Mêlée aux idéaux masculinistes de beauté, la relation entre une femme et son corps repose sur le désamour. Tant de jeunes femmes souffrent de leurs corps en se trouvant soit trop grandes, soit avec trop de formes, soit au contraire n’en ayant aucune. Les femmes mènent parfois une véritable lutte contre leurs corps. Mais cela peut aller encore plus loin.
Une haine de son corps menant à des troubles alimentaires
La tendance à vouloir pousser la femme à ne pas accepter son corps voire à le détester a des conséquences dévastatrices sur sa santé. Cela peut être à l’origine de troubles du comportement alimentaire (TCA). Les TCA sont liés à des perturbations graves du comportement alimentaire. Il y a un déséquilibre dans le rapport à la nourriture et le comportement, explique la psychologue Carine Grzesiak. Les troubles alimentaires sont qualifiés de troubles oratoires car ils sont liés au fait d’accepter ou non que des aliments entrent dans le corps. Ils ont des conséquences sur la santé physique et également sur la santé mentale des personnes. Sur le plan physique, ils s’accompagnent de prise ou de perte de poids conséquente, entraînant de la fatigue puis des malaises dans certains cas.
L’anorexie est un des troubles majeurs de l’alimentation. Il existe l’anorexie mentale ou l’anorexie nerveuse. Toutes deux s’accompagnent d’un refus de se nourrir en raison de l’impression d’être toujours en surpoids. Le refus de manger entraîne des carences en fer ou en protéines, ce qui met la vie de la personne en danger. L’ouvrage Les indomptables figures de l’anorexie place met ce trouble en lumière. Il a été rédigé par Ginette Raimbault et Caroline Eliacheff et publié en avril 2001 chez Odile Jacob. Dans cet ouvrage, les auteures cherchent à comprendre ce qui peut conduire une femme à se priver de manger au point de se laisser mourir lentement. A travers le portrait de figures féminines historiques telle que Sissi l’Impératrice, elles montrent que l’anorexie permet de dire sa vérité. Le corps n’est plus vu seulement à travers la vision de l’homme, la femme en reprend possession en l’exposant à la douleur. La maîtrise de leurs corps passe par une privation des besoins vitaux. L’anorexie touche dès lors des femmes depuis des siècles, et ce trouble n’a cessé d’évoluer et d’affecter un plus grand nombre de personnes.
Quand est-ce que les hommes comprendront que notre corps n’est pas là pour satisfaire leurs envies ?
ETR
Le cinéma et les troubles alimentaires des femmes : quelles relations ?
Styliser sa vie par le cinéma : dangereux ?
Nelly Arcan, auteure féministe, décrit très justement cette société des images qui tend à dériver vers l’enfermement :
« Des images comme des cages, dans un monde où les femmes, de plus en plus nues, de plus en plus photographiées, qui se recouvraient de mensonges, devaient se donner des moyens de plus en plus fantastiques de temps et d’argent, des moyens de douleurs, moyens techniques, médicaux, pour se masquer, substituer à leur corps en uniforme voulu infaillible, imperméable, et où elles risquaient, dans le passage du temps, à travers les âges, de basculer du côté des monstres. », affirme l’auteure féministe, Nelly Arcan.
Né à la fin du 19ème siècle (en 1895 par les Frères Lumières dans le milieu forain), le cinéma peut aujourd’hui être considéré comme l’art touchant le plus de personnes. C’est notamment grâce à ses vecteurs efficaces et son accessibilité pour tous et toutes, notamment considéré au début du 20ème siècle comme un art populaire et faisant partie intégralement de la culture ouvrière, contrairement aux autres formes artistiques, pouvant être perçues comme intégrées pleinement à la culture bourgeoise.
Ainsi, avec le développement des plateformes de streaming comme Netflix ou Amazon Prime, le cinéma, films ou séries, fait partie intégrante de notre vie de tous les jours. En parallèle, le septième art tend à refléter grâce au médium de l’image en mouvement tous les grands enjeux et phénomènes de notre société actuelle. Pourtant, il ne faut pas le prendre pour la réalité : les films sont des partis pris et peuvent tendre à embellir une réalité toute autre, et nous plonger ainsi dans une forme de fausseté. Cela est d’autant plus dangereux que nous avons la capacité à styliser notre existence à partir des formes d’art, recherchant des manières d’être et des modèles pour notre propre vie. Marielle Macé écrit ainsi dans Façons de lire, manières d’être :
« Les styles littéraires se proposent dans la lecture comme de véritables formes de vie, engageant des conduites, des démarches, des puissances de façonnement et des valeurs existentielles ».
Le rapport au corps, que l’on traitera seulement sous le spectre féminin dans cet article, peut en effet s’inscrire dans cette dynamique et se voir changer, modifier à l’échelle individuelle face au visionnement de films ou de séries. C’est notamment à travers le cinéma que se véhiculent les standards de beauté s’appliquant aux femmes déterminées par ce que l’on nomme le « male gaze ». Le « male gaze » est un concept né il y a quelques années, postulant que la culture visuelle dominante impose une perspective d’homme cisgenre hétérosexuel, et cela principalement au cinéma (mais aussi en littérature ou dans la publicité). Véhiculant ainsi la glorification de la minceur comme prérequis d’une beauté universelle, les films peuvent être amenés à influencer le regard que portent les jeunes filles et les femmes sur leurs corps, amenant ainsi à la multiplication des troubles alimentaires.
Les troubles alimentaires sont des maladies mentales où les attitudes face à son corps, son poids et la nourriture sont perturbées. La personne atteinte d’un trouble alimentaire considère que sa valeur en tant que personne n’est dictée par la forme de son corps et par son poids. On compte parmi les troubles alimentaires l’anorexie, la boulimie ou encore l’hyperphagie.
Dans la socialisation d’un individu, les médias, les images et l’art font entièrement partie de sa construction personnelle et ici dans son rapport au corps, d’autant plus pour une femme, où sa valeur dans la société patriarcale est intrinsèquement liée à sa beauté. Et c’est notamment dans le cinéma occidental (nous étudierons principalement le cinéma hollywoodien) que la femme belle et surtout mince se trouve glorifiée et érigée en modèle. Pour autant, depuis quelques années, le cinéma occidental se trouve dans un tournant, notamment après le mouvement #Metoo débuté en 2016-2017 avec l’affaire Weinstein, et déconstruit de plus en plus cette image lisse et parfaite de la femme. C’est dans ce contexte actuel que se multiplient les films qui portent sur les troubles alimentaires, montrant ainsi une réalité dure qui peut nous échapper et participant ainsi à une forme de prévention et de prise de conscience. Le cadre de notre étude va de facto exclure les troubles alimentaires lié à un traumatisme psychologique mais prendre en compte que les troubles alimentaires lié à l’image du corps.
Quelles relations entretient ainsi le cinéma avec les troubles alimentaires ?
Nous aborderons tout d’abord le rôle du cinéma dans l’édification de la minceur comme modèle à atteindre pour les femmes, pouvant ainsi mener à des troubles alimentaires, puis dans un second temps, nous aborderons quelques films qui peuvent amener le sectateur à une prise de conscience de la réalité des troubles alimentaires.
Cinéma et séries : vecteur des standards de beauté et minceur proclamée
Les standards de beauté ont toujours existé et ont toujours été véhiculés à travers l’art : des corps masculins athlétiques représentés dans la sculpture des dieux grecs à l’époque de la Grèce antique, ou encore des femmes plantureuses dans les peintures des peintres français au 19ème siècle (Déjeuner sur l’herbe de Edouard Manet). Le cinéma, et notamment à partir de la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 50, véhicule l’image d’une femme plantureuse comme standard de beauté avec l’apparition de la « pin-up » représentée par Marilyn Monroe (dans Les hommes préfèrent les Blondes en 1953 ou encore Certains l’aiment chaud en 1959).
Déjeuner sur l’Herbe de Edouard Manet (1863) Scène mythique dans Les Hommes préfèrent les blondes (1953)
Pourtant, dans les années 80, on assiste à un changement de « paradigme » dans les standards de beauté véhiculés dans le cinéma hollywoodien : le corps sportif et svelte est davantage érigé en modèle de beauté à atteindre pour toutes les femmes. Dans les années 90, notamment au travers des magazines et de l’industrie du mannequinat avec l’arrivée des « super modèles » comme Kate Moss, Naomi Campbell ou encore Linda Evangelista, le culte de la maigreur apparaît comme seul moyen d’atteindre la beauté. Les grandes stars de cinéma, dont les personnages trouvent toujours l’amour et sont heureuses aux yeux des spectateurs, sont toutes minces : Nicole Kidman, Angelina Jolie, Natalie Portman, Julia Roberts, Sharon Stone, Charlize Theron ou encore Michelle Pfeiffer. Les grands films à gros budget qui font énormément d’audiences (autrement dit ce que l’on nomme les « blockbusters ») comme les films de super héros ou les James Bond érigent toujours une femme mince, grande et élancée en modèle à suivre. Les femmes ne sont jamais montrées lors d’une scène où elles mangent beaucoup, elles sont d’ailleurs rarement montrées lors d’une scène de repas. On ne montre quasiment jamais à cette époque un possible rapport au corps et à son image toxique. Tout paraît évident. Cela peut, de manière indirecte et très floue, toucher les jeunes filles ou femmes qui ne se retrouvent pas dans ce corps et ne sont ainsi pas représentées, pouvant les pousser ainsi à se soumettre à la « norme », et ainsi tomber dans des troubles alimentaires.
Affiche de Mr. & Mrs. Smith, 2005 Nicole Kidman dans Eyes Wide Shut, 1999
C’est notamment au travers des films pour adolescents que ce rapport à la minceur est montré comme un objectif à atteindre pour être heureux ou heureuse. Dans le film Clueless (1995) par exemple, le personnage principal enchaîne répliques sur répliques sur son corps et sa minceur est montrée comme facteur de sa popularité dans son lycée, mais aussi facteur inconditionnel de sa beauté. Dans Mean Girls, à l’inverse, le personnage de l’adolescente populaire incarné dans Régina George (Rachel McAdams) voit sa popularité baisser notamment en raison de sa prise de poids.
Affiche de Clueless, 1995 Regina George (Rah dans Mean Girls, 2004)
Le cinéma : un outil puissant pour mettre en lumière la dure réalité des troubles alimentaires
Pour autant, comme dit précédemment, les films et les séries, depuis quelques années, tendent de plus en plus à casser cette image stéréotypée de la femme mince qui devrait renvoyer à une norme physique selon les codes de beauté de la société. Les personnes en surpoids sont ainsi de plus en plus représentées dans les films, mais ce sont davantage les hommes en surpoids qui y sont représentés. Les femmes en surpoids le sont aussi, mais parfois de manière stéréotypée (comme Rebel Wilson qui joue « Amy la Baleine » dans la trilogie des Pitch Perfect, ou encore Amy Schumer dans I Feel Pretty), où le personnage voit sa personnalité et son rôle apporté dans le film tourné seulement vers son poids.
Rebel Wilson dans Pitch Perfect (2012) Affiche de I feel Pretty (2018)
Pour autant, on assiste de nos jours à un tournant relatif dans le cinéma concernant la représentation des troubles alimentaires à l’écran, de plus en plus montrés, parfois de manière très crue. Ce mécanisme est non seulement lié aux changements de la société envers les maladies mentales, et notamment envers les troubles alimentaires, mais permet aussi en parallèle une certaine prise de conscience par la vision de ces images. C’est par exemple le cas de la série Insatiable sortie en 2018, qui traite d’une lycéenne qui souffre d’un trouble de l’alimentation et met en scène dans la saison 1 une crise de boulimie vécue par l’héroïne principale.
A l’inverse, les films traitant de l’anorexie se multiplient au cinéma depuis quelques années, notamment To the Bone, sorti en 2017, où l’on suit l’histoire d’Ellen (jouée par Lily Collins) qui souffre d’anorexie sévère tentant de s’en sortir par de nombreux moyens. My Skinny Sister, sorti en 2015, montre l’anorexie cette fois-ci à travers les yeux d’une tierce personne, la sœur de l’héroïne qui elle est anorexique, permettant d’enrichir notre perception de cette maladie. L’anorexie peut être aussi mise au second plan dans certains films, comme dans Black Swan de Darren Aronofsky (2010), qui montre la pression exercée sur le corps des femmes dans le milieu artistique de la danse classique. Enfin, si l’on prend un exemple français, on peut penser au film de Philippe Lioret Je vais bien, ne t’en fais pas, sorti en 2006, qui montre comment un traumatisme affectif et psychologique peut découler sur un trouble alimentaire affectant le personnage principal, Elise.
Affiche de la série Insatiable (2018) Lily Collins dans le film To the Bone (2017)
MAP
Bibliographie
· Mathilde Blottière et Frédéric Strauss, « Y a-t-il des canons de beauté au ciné ? », Télérama, 18 janvier 2014
· Sarah Cerange, « La beauté au cinéma : une arme comme une autre ? », Le Blog du Cinéma, 28 septembre 2018
· Roxane Grolleau, « « To The Bone » crée la controverse autour de l’anorexie », Le Temps, 6 août 2017
· S. Benamon, « Quelle place pour les femmes dans le cinéma ? », L’Express, 21 octobre 2015
· Sergio De Dios González, « 9 films sur les troubles de l’alimentation », Nos Pensées, 2 janvier 2022
· M. Lebret, « La place des femmes dans les films s’améliore, mais très peu », Slate.fr, 19 février 2015
· Clavier Lise, « Les femmes, leur image, le cinéma, Bruxelles » : CPCP, Analyse n°363, 2019, [en ligne :] http://www.cpcp.be/publications/femmes-cinema.
Visibiliser la transplantation : régime et restrictions alimentaires après une opération
On est rarement conscient du fait qu’après une transplantation, la personne greffée n’est pas guérie.
La vie d’une personne transplantée a été sauvée, mais elle est en même temps fortement changée, voire bouleversée. Parmi plein d’activités qu’on ne peut plus exercer librement pour protéger son nouvel organe et sa nouvelle vie, le régime alimentaire joue un rôle très important.
Premièrement, pour que le corps et le système immunitaire ne rejettent pas l’organe transplanté, il faut prendre des immunosuppresseurs. Par conséquent, la personne transplantée peut tomber malade très facilement.
De plus, les habitudes alimentaires doivent être d’une hygiène impeccable parce que le corps n’a pas la capacité de combattre des virus ou bactéries qui entrent en contact avec la nourriture. Ainsi, il ne faut pas boire d’eau du robinet, les fruits et légumes que l’on mange crus doivent être bio et il faut les nettoyer dans du vinaigre avant la consommation.
Il ne faut pas manger de produits animaliers crus et il faut s’assurer que tout ce qui est consommé soit bien cuit (pas de steak saignant, pas de mayonnaise, pas d’œufs au plat…).
Pourtant, il est important de consommer beaucoup de protéines, idéalement de la viande. La cuisson de viande pouvant être compliquée au niveau de l’hygiène, il faut veiller à ce que les ustensils de cuisine soient propres et idéalement avoir un couteau et une planche à découper attribués à la préparation de viande, pour éviter la contamination croisée.
Il faut faire attention de ne pas manger de viande ou de produits transformé·e·s parce qu’ils contiennent trop de sel. Particulièrement après une greffe de foie ou des reins, la consommation de sel doit être modérée car le travail de filtration des ,,mauvaises’’ substances n’est plus effectué que par les reins pendant les premières années après une transplantation. Le foie étant lié à la vésicule biliaire, on retire les deux organes lors d’une transplantation. Cependant, la vésicule biliaire n’est pas transplantée avec le foie, ce qui fait que les greffé·e·s auront souvent du mal à digérer le gras.
Un autre critère de restriction alimentaire est le fait que certains produits peuvent neutraliser l’effet des médicaments, comme par exemple la plupart des agrumes. Ces substances doivent être évitées dans l’alimentation ainsi que dans les produits cosmétiques.
En combinaison avec la cortisone, le sucre peut devenir dangereux pour une personne greffée car cela peut développer une diabète de type II, normalement transmis génétiquement.
En somme, les restrictions alimentaires après une greffe sont complexes. Devoir y faire attention affecte la vie quotidienne. Aller au restaurant n’est plus vraiment possible car on perd le contrôle sur les ingrédients et leur hygiène lors de la préparation. Lors des rares occasions où l’on fait confiance à un restaurant, on embête le serveur pour être sûr·e de pouvoir manger le plat commandé. Tout fast-food est bien entendu hors de question.
Les invitations à dîner chez des ami·e·s sont plus compliquées car il faut les prévenir à l’avance à quoi il faut faire attention et malgré cela, toujours prévoir qu’il y ait un oubli.
En plus de ceci, les médicaments répriment l’appétit, ce qui fait que l’on perd beaucoup de poids. Enfin, faire attention à tellement de critères par rapport à son alimentation peut faire craindre de développer des troubles du comportement alimentaire.
Une transplantation ne s’arrête donc pas au moment où les médecins annoncent la bonne nouvelle que le corps accepte l’organe du donneur ou de la donneuse. Après une telle opération, il faut toujours faire attention à sa santé pour que le corps continue à fonctionner et qu’il ne se mette pas à rejeter l’organe. Ainsi, une greffe ne sauve pas seulement la vie, mais la bouleverse de plein de manières. De plus, le nouvel organe sauve la vie mais cela ne signifie pas la guérison.
3. Plats de subsistance: potentiel danger dans nos assiettes ?
Entre changement climatique et manque de soutien politique : les défis de l’agriculture biologique
Quel que soit le pays européen où nous nous trouvons, le coût des produits biologiques est élevé, et encore plus avec l’inflation due à la situation mondiale actuelle.
De nombreux gouvernements, associations, médecins et scientifiques s’accordent à dire que manger bio a de nombreux effets bénéfiques sur la santé psychophysique et sur la préservation de l’écosystème et de la biodiversité : cela diminue les risques de maladies, réduit fortement la pollution, et ne crée pas de problèmes respiratoires liés à l’utilisation de pesticides.
Mais alors, pourquoi les produits biologiques sont-ils si chers ? Quelles sont les raisons qui empêchent le plus grand nombre de profiter de ces avantages ?
Un facteur central est le coût élevé de la production d’aliments biologiques. Contrairement à l’agriculture conventionnelle, la culture biologique nécessite des pratiques et des méthodes spéciales pour répondre aux normes écologiques. Renoncer aux pesticides chimiques et aux engrais signifie que les agriculteurs doivent trouver des méthodes alternatives pour contrôler les ravageurs et les mauvaises herbes, ce qui est souvent plus chronophage et nécessite plus de main-d’œuvre. En outre, les cultures qui n’utilisent que des produits naturels et reconnus par les organismes de certification biologique entraînent parfois des rendements plus faibles.
Les coûts élevés de la certification sont un autre facteur déterminant. Pour obtenir le label bio, les agriculteurs doivent respecter des directives strictes et se soumettre à des contrôles réguliers, en plus de la période de conversion des pratiques conventionnelles à biologiques. Ce processus de transition dure généralement trois ans, au cours desquels les agriculteurs suivent les directives bio mais ne peuvent pas encore obtenir la certification pour leurs produits. Les coûts de ces certifications peuvent s’accumuler et augmenter la charge financière des agriculteurs.
Deux autres éléments étroitement liés à ce sujet sont le climat et la pollution. Cette dernière est devenue une réalité incontournable, remettant en question la pureté supposée des produits biologiques. Peut-on vraiment parler de bio lorsque l’air que respirent les plantes est chargé de substances nocives ? Il est vrai que l’air que nous respirons est pollué, mais l’ajout de produits chimiques rend les produits encore plus nocifs pour la santé, sans compter qu’ils sont aussi directement responsables de la pollution atmosphérique.
Face à la nécessité croissante de garantir des rendements dans des conditions climatiques difficiles, l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) est souvent invoquée. Ces OGM sont conçus pour être plus résistants aux conditions environnementales hostiles, mais leur utilisation suscite des préoccupations quant à leur impact sur la biodiversité, menaçant l’équilibre délicat des écosystèmes. Il est donc de plus en plus important de se concentrer sur un type de culture naturel et ayant moins d’impact sur la nature.
Un autre « ennemi » de l’agriculture biologique (plus récent cette fois) est l’inflation, qui touche de nombreux produits, et pas seulement alimentaires, dans toute l’Europe. Certes, les aliments issus de l’agriculture traditionnelle ont également connu une forte hausse des prix, mais le bio est devenu encore plus inaccessible pour une grande partie de la population. De plus, l’État français continue à financer de manière minime les entreprises qui décident de se lancer dans le bio.
Pour inverser cette tendance, il faudrait que le bio devienne la nouvelle norme. De nombreux consommateurs font confiance aux producteurs qui affirment ne pas utiliser de pesticides ou d’autres produits chimiques, mais sans pouvoir avoir de garantie car il n’y a pas de certification. Par ailleurs, ces producteurs choisissent peut-être cette voie précisément parce que la certification est coûteuse, demande du temps, de l’argent et des sacrifices, et qu’il n’y a pas de soutien financier de la part de l’État.
Et si, au lieu de faire de l’agriculture biologique une niche, on la rendait courante, « normale », et que c’était ceux qui utilisent des pesticides qui devaient payer plus cher et l’indiquer sur l’étiquette ?
L’agriculture biologique ne devrait pas seulement consister à ne pas utiliser d’herbicides et de produits chimiques, mais aussi à être sensible à l’environnement et aux personnes. Respecter les employés et les rémunérer équitablement, utiliser des énergies renouvelables, produire le moins de déchets possible et investir dans tout ce qui est réutilisable et non jetable.
Le choix de l’agriculture biologique devrait être un droit pour chaque consommateur et un devoir pour chaque producteur.
Éducation alimentaire française : il y a du pain sur la planche !
Introduction : situation nationale et internationale de l’alimentation
L’alimentation est un élément essentiel de la vie quotidienne que l’on partage avec ses proches ou des connaissances, elle doit donc être une source de plaisir tout en respectant l’équilibre alimentaire et la biodiversité. A cela doit s’ajouter au moins 30 minutes d’activité physique par jour.
Cependant, l’environnement d’une personne conditionne ses choix alimentaires.
Les plus grands fléaux liés à l’alimentation en France sont les surcharges pondérales (l’obésité et le surpoids), les diabètes et la sédentarité.
Les organisations françaises et internationales agissent depuis des décennies pour remédier à ces problèmes de santé et rendre l’alimentation équilibrée plus accessible.
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) promeut une « approche pangouvernementale santé dans toutes les politiques » dans son plan d’action mondial Horizon 2030. La Commission Européenne guide les États-membres sur les actions prioritaires de l’OMS.
A l’école française, de nombreux programmes sur l’éducation alimentaire existent ; nous allons les développer en partie, par degré scolaire.
Mesures communes
Tout d’abord, tous les cycles reçoivent depuis la rentrée 2022 des vidéos et sets de table sur le thème de l’« alimentation diversifiée et de qualité pour être en bonne santé ». Les sets de table contiennent des activités adaptées à faire en famille lors d’un repas, pour découvrir les types d’aliments (fruits, légumes, produits laitiers…).
L’éducation alimentaire est transversale, c’est-à-dire que tous les professeurs sont impliqués quelle que soit leur matière, et ils sont incités à organiser des projets en accord avec la direction.
Le Programme National Nutrition et Santé s’étend sur toute la scolarité ; il commence dès le cycle 2 (début de primaire) puis sur le cycle 4 (début de collège). Il porte sur la lutte contre les surcharges pondérales, la promotion de l’activité physique et des recommandations de nutrition et la prévention sur la publicité. Il a été créé en 2001 et renouvelé une quatrième fois depuis 2019. Des projets concrets sont menés par les professeurs, comme les ateliers cuisine ou petit-déjeuner (développé plus loin).
Il n’y a pas d’âge pour apprendre à bien manger !
Le rôle de l’école dans l’alimentation débute dès la maternelle, où « La semaine du goût » a été mise en place en 1990. Cela consiste à faire découvrir aux enfants les différents aliments et goûts en organisant des dégustations thématiques chaque jour ; par exemple, les aliments selon leur couleur (verts le lundi, jaunes le mardi etc.) ou leur espèce (fruits le lundi, légumes le mardi etc.).
Le Programme National pour l’Alimentation existe depuis 2010 dans les écoles primaires, dirigé par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation avec celui de l’Éducation Nationale, ainsi que les collectivités territoriales. Le but est de clarifier et rendre plus accessibles les textes de loi relatifs à la nourriture préparée dans les restaurants scolaires ou apportée de l’extérieur, et de faciliter l’accès aux résultats de recherches scientifiques. Il ne débouche pas sur des actions auprès des élèves mais reste important pour le rôle de l’école dans l’éducation alimentaire.
Après la primaire, passe le secondaire !
Au collège et au lycée, le CESC (Comité d’Éducation à la Santé et à la Citoyenneté) créé en 2016 a pour but de sensibiliser les adolescents sur la citoyenneté, la santé, la sexualité et prévenir la violence et les conduites à risque (alcool, drogue etc.).
Le CESC est présidé par le proviseur avec le conseil d’administration, les représentants des enseignants, des familles, de la commune et des institutions (Défense), et les personnels socio-éducatifs. Il existe en divisions départementale (CDESC) et académique (CAESC). Le CESC inter-établissements est possible, surtout dans les zones rurales.
Comme évoqué plus haut, l’un des projets souvent menés en lien avec le PNNS est l’atelier petit-déjeuner, mis en place en 2014, pour pallier les élèves qui arrivent le matin sans avoir mangé : manque d’appétit, de temps ou financier, stress, absence des parents… Pourtant, ce repas est considéré comme le plus important car il fournit 20 à 25 % des apports énergétiques de la journée. L’atelier petit-déjeuner, mené par un ou deux professeurs (souvent de SVT et d’EPS), sert donc d’une part à souligner l’importance de ce repas et sa bonne composition, et d’autre part à réduire les inégalités alimentaires, autour de séances pratiques et ludiques sur une année scolaire (souvent au cycle 4).
Mettre les pieds dans le plat
Les trois grands sujets sur lesquels agit l’Éducation Nationale sont les surcharges pondérales ainsi que la conscience écologique et la restauration scolaire.
Comme évoqué au début de l’article, le surpoids et l’obésité sont en hausse depuis les années 2000 ; en effet, en 2012, 32,3 % de la population souffrait de surpoids dont 15 % d’obésité, contre 28,5 % de surpoids dont 8,5 % d’obésité en 1997. Chez les enfants de 6 à 17 ans, 17 % étaient en surpoids dont 4 % d’obésité en 2015.
Les inégalités alimentaires passent entre autres par le niveau de diplôme : 8% des personnes obèses sont des diplômés du supérieur, contre 25 % chez les non-diplômés. Les conséquences de ces surcharges pondérales sont nombreuses : hypertension, hausse du mauvais cholestérol, des diabètes, arthrites et cancers. L’éducation alimentaire est donc primordiale.
Les objectifs du gouvernement français sont d’abaisser les taux de surpoids et d’obésité tout en améliorant la santé française globale. Pour cela, plusieurs mesures sont mises en place depuis la génération X : interdiction des distributeurs automatiques de nourriture et sodas, activité physique…
Le deuxième thème important est la conscience écologique, soit la lutte contre le gaspillage (30 à 40% des aliments traités sont jetés chaque jour par cantine scolaire), les circuits des denrées (court/long), les modes de préparation (bio/industriel), la transition écologique (vrac plutôt que plastique par exemple) et le changement climatique (rapports du GIEC).
Comme ce sujet est encore récent, les quelques actions le sont aussi : l’EDD (Éducation au Développement Durable), introduite en 2016 dans le cadre Horizon 2030 de l’ONU, crée des affiches de sensibilisation sur la biodiversité ou la réduction des déchets, et des éco-délégués avec professeurs référents depuis la rentrée 2020.
La restauration scolaire est toujours en évolution, alors que sa fréquentation augmente depuis les années 2000 (69,3 % d’élèves en 2016 contre 59,9 % en 2000). Le lien entre cantines et meilleure santé est prouvé, selon diverses études. Depuis 2018, l’objectif est d’avoir au moins 50 % de produits durables et de qualité (dont 20 % labellisés Agriculture Biologique), un menu végétarien hebdomadaire et des sources de protéines variées ; les cantines doivent en effet s’adapter à la transition écologique et contribuer elles aussi à une meilleure nutrition en respectant la planète.
Et après l’école ?
Contrairement aux apparences, l’université offre aussi un complément d’information sur l’alimentation, mais un parcours spécifique est concerné : depuis 2010, tous les futurs métiers de l’éducation (master MEEF) ou de la santé ont droit à des conférences et séminaires sur l’alimentation, donnés par le réseau national d’enseignants-chercheurs (UNIRéS). Il est aussi possible d’y assister librement.
Enfin, pour tous, les médias du XXIe siècle permettent la diffusion massive d’informations sur le sujet ; par exemple, on connaît depuis notre plus jeune âge le site du gouvernement mangerbouger.fr grâce aux nombreux spots télévisés. Ce site rappelle de façon visuelle agréable et synthétique les types d’aliments à manger plus ou moins souvent ou à éviter. Les affiches avec ces recommandations sont dans les restaurants scolaires depuis presque une dizaine d’années. Le site explique aussi les effets néfastes de la sédentarité et propose des recettes en ligne de saison.
En résumé, les valeurs de l’Éducation Nationale autour de l’alimentation sont : l’éducation nutritionnelle, sensorielle, écologique, patrimoniale et culturelle.
JOG
La production du bio en Afrique vs en Europe
Lorsqu’on parle de bio en Europe, on se penche beaucoup plus sur l’aspect du label « bio » et donc des produits alimentaires issus de l’agriculture biologique. En Afrique, le bio est perçu d’une toute autre manière. On parle généralement de bio, lorsqu’il s’agit des produits alimentaires et vivres frais qui n’ont subi aucune transformation chimique ou aucune modification. Le bio en Afrique renvoie aux produits frais récoltés sur des terres neutres sans produits chimiques. Dans cet article nous ferons une comparaison de la perception du bio en Europe et en Afrique.
Le label « bio » européen et la production des aliments bio :
-On parle de bio en Europe lorsque le produit :
·Est en pleine conformité avec les conditions et réglementations de l’UE sur l’Agriculture
·Biologique (voire règlement 834/2007)
·Porte le nom du producteur, de préparateur, ou du distributeur ainsi que le numéro
·D’agrément de l’organisme de certification
-Lorsqu’il est transformé, que le produit :
·Est sans OGM (Organisme Génétiquement Modifié) ou presque :
·la présence « fortuite » ou « techniquement inévitable »
·d’intimes traces d’OGM est tolérée dans la limite de 0,9%
·contient 95% ou plus de composants issus de l’Agriculture Biologique
La perception du bio en Afrique : Des produits bio par nature :
En Afrique, les produits vivriers sont souvent biologiques par nature. Ces produits sont souvent élevés ou cultivés naturellement, sans pesticides ni engrais ou antibiotiques. En plus, ils correspondent au goût des consommateurs.
Par exemple les tomates produites à l’Ouest du Cameroun sont totalement biologiques. L’Ouest du Cameroun regorge d’une terre fertile qui ne nécessite qui pas obligatoirement l’usage d’engrais ou de produits chimiques.
En Afrique, on n’a pas besoin de logo ni d’administration pour
certifier les produits bio. Ils sont bio par nature et tout le monde y adhère.
Au vu de cette analyse qui met en avant les différences entre la production des produits alimentaires biologiques en Afrique et en Europe, nous nous demandons qui des Européens ou des Africains s’alimentent le mieux, mais aussi si les critères de certification ne devraient pas être revus.
L’alimentation reste après tout l’un des moyens cruciaux pour avoir une bonne
santé, vivre longtemps et accroître la productivité des individus.
Et comme dit cet adage : « Un esprit sain, dans un corps sain ». Comme quoi pour se sentir bien dans sa peau, il faut prendre soin de son sommeil, de son activité physique et surtout
de son alimentation. Tout ceci passe par la qualité des produits que nous consommons au quotidien.
Mise en bouche : le poème qui réveille les papilles et les esprits
La désillusion de l’étudiant
Dans l’université, l’étudiant pressé Au CROUS à quelques euros son repas serré. Mais ce plat bon marché, c’est une illusion dorée Car pour d’autres l’accès reste trop restreint, frustré.
Dans sa famille, la viande est reine, sacrée, Mais lui prône une alimentation sensée. Entre les repas familiaux et les dogmes intériorisés Il se sent à part dans ce monde, écartelé.
L’hypocrisie du bio, une vérité dévoilée. On nous dit que c’est pur mais le doute est semé. Le porte-monnaie tremble, le budget est épuisé : Manger sainement est une quête trop coûteuse et décomplexée.
Pourtant l’étudiant lambda n’est jamais résigné. A défaut de manger, il est au moins éduqué. Dans cette quête de l’éthique à préserver, Son esprit s’éveille mais son chemin est perturbé.
Anonyme
« Crever de faim dans le pays de la bouffe » Coluche
« Chères lectrices, chers lecteurs,
Oui ! Vous avez bien entendu… on crève de faim dans le pays de la bouffe. Cette jeune personne qui a voulu préserver son anonymat a écrit un poème sur la situation des étudiants en France en ce qui concerne l’alimentation. Il a bien raison mais je souhaiterais élargir à l’ensemble de la population ! La majorité des Français crève de faim. Entre la crise de COVID-19, la guerre en Ukraine, le Français se trouve désavantagé. Une inflation sans précédent : la Banque de France, dans ses projections annuelles publiées en septembre dernier, estime que « l’inflation totale s’établirait en 2023 à 5,8% et l’inflation hors énergie et alimentation à 4,2% ». Prenons un exemple plus précis : la pomme de terre. Tout le monde aime la pomme de terre, non ? Et beaucoup s’en servent ? C’est un aliment de base. Selon l’INSEE, le prix du kg de pomme de terre a atteint 2,19€, soit une augmentation de 17,2% en un an. En juillet 2019, le kilo était à 1,84€ ; plus choquant encore, en février 1998, il était à 90 centimes ! Quand nous-réveillerons nous ?
Chères lectrices, chers lecteurs,
J’ai peu espoir. Non content de constater l’émergence d’aides (associatives ou étatiques) destinées aux personnes les plus précaires, nous ne pouvons omettre que des gens vivent dans la rue. Les jours se font plus froids et plus longs. Coluche créa le 26 septembre 1985 les Restos du Cœur, qui eurent un succès fulgurant, pour pouvoir aider ces personnes… et pourtant la situation de cette organisation non gouvernementale à but non lucratif en est pour le moins déplorable. Le 03 septembre 2023, on fit face à un appel déchirant des Restos du Cœur ; le jour suivant c’est la Croix-Rouge française qui lança un appel à l’aide craignant de terminer l’année avec un déficit compris entre 45 et 50 millions d’euros. Ils reçurent de l’aide, certes, et elles méritent d’être nommées (LVMH et ses 10 millions d’euros ; le Crédit Mutuel et ses 7,5 millions d’euros, Total Energies, la Fédération Française de Football, le groupe Altice et Carrefour) Mais où est l’Etat ? Est-ce que ce sont les aides régionales pour aider à payer une partie des factures d’électricité qui vont vraiment aider les Français à remplir leur caddie ? Je fais référence au Coup de Pouce Energie, lancée par Madame la Présidente de la Région d’île De France et ex-candidate à l’élection présidentielle, Valérie Pécresse. Est-ce que le refus de mettre un repas à 1€ pour tous les étudiants de France mettrait-il un si gros coup dans le budget de l’Etat ? Est-ce que c’est trop demander de vouloir promouvoir le dernier terme de notre devise nationale, si longtemps et souvent oublié : Liberté, Égalité, Fraternité ! » ?
Mes chers amis,
Mon rôle n’est pas de vous fendre le cœur. Je ne veux pas susciter votre compassion mais rappelez-vous de cette citation de l’Abbé Pierre : « L’enfer, c’est soi-même coupé des autres. ». Je ne suis pas pessimiste, juste réaliste. Le monde va mal et nous sommes là, les yeux et la bouche béants, à l’observer. »
ELA
“La solidarité étudiante par et pour les étudiants” , les COP1 a l’assaut de la précarité étudiante
Cher contradicteur, permettez moi de questionner vos propos si alarmants et pessimistes. Nous allons mal, la population est submergée par des défis toujours plus grands et une situation de plus en plus intenable. Vous nous avez dressé le portrait d’une société affaiblie et mal en point, et je ne peux qu’adhérer à vos propos. « Il faut manger 5 fruits et légumes par jour, avoir des repas équilibrés et surtout ne pas oublier les protéines et la calcium pour être en bonne santé » sont autant de recommandations émises par nos familles et surtout par la société et ils sont des messages publicitaires que nous entendons depuis notre enfance. Ils ont été développé par l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) et agissent comme recommandations d’un mode de vie sain. Mais comment y parvenir lorsqu’on a pas assez pour tenir le mois ? Lorsqu’on se retrouve face à un choix cornélien et dramatique entre avoir trois repas par jour et pouvoir payer son logement ?
Le poème de ce cher anonyme atteste de la souffrance vécue par la plupart des étudiants aujourd’hui, où ils essayent de survivre avant de vivre. Toutefois je me dois de vous inciter à ne pas abandonner aussi vite, une sortie du tunnel est toujours visible si l’on continue à se battre. Je vous en conjure ne baissez pas les bras si vite, ne perdez pas espoir ! Nous pouvons rebondir face à ces difficultés pour se nourrir et vivre décemment. Il reste une lueur d’espoir, une lueur portée par ceux tant oubliés que sont les étudiants et les étudiantes. Vous allez me dire qu’il existe déjà des aides afin de subvenir à la précarité étudiante qui viennent de l’État, mais sont-elles suffisantes face à l’ampleur de la situation ? Notre État est au bord de l’agonie, face à toutes les difficultés qu’il a à surmonter. Même s’il ne baisse pas les bras, il ne peut être le seul à lutter contre la précarité étudiante.
C’est pour cela que les étudiants prennent le relai, une véritable solidarité étudiante a vu le jour à la suite de la crise sanitaire. La crise du Covid19 et le confinement qui en a découlé, ont été un véritable point de rupture. Ces évènements ont profondément affecté les étudiants au niveau de la santé dû à l’isolement auquel ils ont dû faire face. Tout le monde n’a pas eu la chance de pouvoir vivre le confinement entouré de sa famille ou de ses proches, de nombreux étudiants l’ont vécu seul dans un logement soit trop petit soit insalubre. D’après plusieurs enquêtes menées par l’Insee, en 2019 les jeunes étaient 10,1 % a avoir déclaré des symptômes d’un état dépressif et ce chiffre a presque doublé en mars 2021 pour arriver à 22 %. Face à cette situation dramatique sans précédent, mon cher contradictoire, la jeunesse a une solution à vous proposer. Tout n’est donc pas perdu et sans espoir !
Je ne vous laisserais pas rendre nos lecteurs et lectrices si malheureux avec vos propos qui ont perdu toute vie et qui sont dépourvus d’espérance. Je vais maintenant vous présenter une association, qui je l’espère vous fera sortir de votre boucle de défaitisme. Cop1 est une association étudiante qui fut créée durant le confinement par un groupe d’amis souhaitant redonner le sourire à leurs camarades. Ce qui était une simple discussion entre amis c’est transformé en une véritable association d’aide aux étudiants. Cop1, c’est plusieurs distributions alimentaires par semaine, des collectes et des sorties culturelles. L’aide est offerte à tous les étudiants quelque soit leurs université ou revenus. Chez Cop1, on accueille tout le monde et la lutte contre la précarité vient de nos paires. Pour chiffrer cette aide, c’est plus de 110 000 paniers qui sont distribués par an sur tous le territoire. L’aide alimentaire s’accompagne d’une aide pour l’accès aux droits, à la santé ou au sport. La lutte se fait contre la précarité étudiante dans son ensemble.
Voici le mot de la fin cher opposant, la situation actuelle et dure mais la lutte est assurée par des étudiants et étudiantes pleins d’entrain et de volonté pour un avenir meilleur.
Le bio : une appellation qui fait aujourd’hui partie de notre quotidien. En effet, depuis maintenant de nombreuses années, les produits bio sont de plus en plus répandus. Ces produits sont au cœur de nouveaux modes de consommation qui se veulent plus respectueux de l’environnement tout en mettant en avant des vertus pour la santé et le bien-être des consommateurs et jouissent donc d’une image particulièrement positive. Mais que se cache-t-il en réalité derrière cette appellation ?
Les motivations derrière le développement de la filière biologique de l’industrie agroalimentaire ne manquent pas. La première est avant tout de respecter l’environnement et de préserver les ressources naturelles. L’agriculture biologique fait donc partie intégrante des réponses aux enjeux environnementaux actuels. Les autres objectifs du bio consistent à développer la biodiversité et à participer au respect du bien-être animal.
Des réglementations bio logiques
L’appellation “bio” concerne les produits issus de l’industrie agroalimentaire répondant à certains critères censés attester du caractère biologique de leur mode de production.
Dans l’agriculture, il s’agit de proscrire le recours aux pesticides et engrais chimiques de synthèse. D’autres pratiques culturales sont alors favorisées pour préserver une production de qualité. Les cultures sont mises en rotation, les pesticides sont remplacés par des alternatives biologiques pour lutter contre les organismes nuisibles, le désherbage est réalisé de façon thermique ou mécanique et les matières organiques naturelles sont recyclées autant que possible. Enfin, les OGM (Organismes Génétiquement Modifiés) et leurs produits sont exclus du bio.
En ce qui concerne l’élevage, les réglementations sur les appellations bio définissent des conditions d’élevage strictes. Les animaux sont nourris avec une alimentation provenant elle-même de l’agriculture biologique. La taille des bâtiments et la densité des animaux sont limitées. Les animaux ont accès à un parcours extérieur et disposent d’un espace bien aéré, de lumière et d’une surface minimale. Les traitements ayant recours à des médicaments doivent rester limités. Enfin, toute souffrance doit être réduite au minimum, que ce soit tout au long de la vie de l’animal ou lors de l’abattage.
L’appellation bio ne n’est pas exclusive aux produits directement issus de l’agriculture et de l’élevage mais également aux produits transformés à partir de ces ressources. Pour que ces produits transformés soient considérés comme bio, ils ne doivent pas contenir de colorants et arômes chimiques de synthèse ni d’exhausteurs de goût. Le nombre d’additifs autorisés est très limité et il est interdit de recourir à des enrichissements en vitamines, minéraux ou antioxydants.
Tout ne peut pas être bio
Comme mentionné précédemment les produits pouvant être bio proviennent de l’agroalimentaire. On y retrouve des produits agricoles végétaux tels que les légumes ou les fruits et des animaux d’élevages et produits d’animaux non transformés comme le lait et les œufs. De façon un peu plus large, les produits agricoles transformés destinés à l’alimentation (pain, plats cuisinés, …) peuvent également être concernés par la mention bio tout comme les aliments destinés aux animaux.
En revanche, d’autres produits transformés comme les textiles ou les cosmétiques, n’étant pas destinés à l’alimentation, ne peuvent pas être certifiés biologiques bien que leurs composants puissent être indiqués comme bio sur l’étiquette du produit final.
Comment reconnaître les produits bio ?
En Europe, et en France, des réglementations existent depuis les années 1980 pour la certification des produits issus de l’agriculture biologique. Celles-ci servent à protéger les consommateurs en leur assurant que la mention biologique soit utilisée uniquement dans le cadre fixé par les lois sur l’agriculture biologique. On peut citer par exemple une directive européenne de 1991 ayant poussé Danone à changer le nom de son produit phare de l’époque, les Yaourts au bifidus jusqu’alors appelés “Bio”, pour “Activia”, afin de ne pas induire le consommateur en erreur car le produit en question ne satisfaisait pas le label Agriculture Biologique (AB) français. Outre ce label français, l’Union Européenne a également créé un label biologique représenté par le logo Eurofeuille. Ce label est obligatoire pour les produits bio circulant dans l’Union Européenne et garantie 100% d’ingrédients issus de mode de production biologique ou 95% pour les produits transformés.
Le logo AB français peut également être apposé sur les produits vendus en France mais n’est toutefois pas obligatoire.
ANL et FIE
Vin rouge :
L’Histoire de l’alimentation
Thucydide, un historien grec du Vè siècle avant notre ère, écrit que l’Histoire est un « perpétuel recommencement ». En effet, l’Histoire est une discipline en constante évolution. Je me pencherai sur une récente sous-discipline : l’Histoire de l’alimentation.
L’Histoire de l’alimentation : qu’est-ce que c’est ?
Marc Bloch, un des deux fondateurs du mouvement des Annales et de la Revue historique avec Lucien Febvre, écrit en 1949 : « Au total l’histoire de l’alimentation est comme un appareil enregistreur où s’inscrivent avec des retards dus aux résistances psychologiques, toutes les vicissitudes de l’économie ». En somme, elle s’inscrit dans l’histoire des mentalités, l’histoire des sensibilités, du corps. Elle se distingue de l’histoire politico-militaire et des grands hommes. Elle permet une autre analyse, une analyse par le bas. Elle permet de mieux expliquer des grands évènements par le prisme de l’alimentation.
L’Histoire de l’alimentation : une discipline récente.
L’alimentation n’a pas toujours été un domaine de recherche à part entière en histoire. Marc Bloch et Lucien Febvre, déjà mentionnés, lui donnent une impulsion mais elle ne devient pas tout de suite importante. En France, c’est dans les années 1970-1980 et la création de la « Nouvelle Histoire » par Pierre Nora et Jacques Le Goff que l’histoire du corps et l’histoire de l’alimentation prennent une toute nouvelle importance. Si vous êtes intéressés par l’histoire du corps, je vous recommande vivement Le Miasme et la Jonquille, écrit par Alain Corbin et publié en 1982.
Aujourd’hui, l’histoire de l’alimentation est reconnue mais encore trop peu présente dans les universités françaises. L’alimentation est la grande absente des programmes scolaires alors qu’elle est un sujet central des préoccupations actuelles. Jean-Pierre Willot et Gilles Fumey écrivent dans leur Histoire de l’alimentation aux éditions « Que-Sais-Je », que je vous recommande également : « L’humanité est engagée actuellement dans de multiples mutations radicales dont l’une a des répercussions directes sur son alimentation. Les systèmes alimentaires mis en place pendant l’ère extractiviste sont amenés à évoluer rapidement. Les ressources de la Terre ne sont pas inépuisables et les humains ne sont pas sûrs d’avoir accès à des nourritures saines pour eux et bonnes pour l’environnement. ».
L’Histoire de l’alimentation : une matière transdisciplinaire ou le linguistic turn
Le linguistic turn est associé à la crise de l’histoire intellectuelle américaine dans les années 1970-1980. Il marque la naissances des dites Studies : environmental studies; gender studies; black studies; food studies. Cette crise constitue une remise en cause des paradigmes
quant à la manière d’enseigner et d’étudier les sciences sociales. On s’intéresse d’avantage à des concepts-objets. Il s’agit d’associer toutes les sciences humaines pour pouvoir établir des lois générales. En France, nous avons été touchés par ce linguistic turn dans l’éventail de nouvelles disciplines à la faculté (Féminin / Masculin dans les sociétés du haut Moyen Âge à Paris 1 Panthéon Sorbonne en L3 par exemple) ; néanmoins, on essaie de s’en écarter car le linguistic turn veut que tout soit remis en question ; or, il peut être difficile de disserter lorsque l’on fait un travail universitaire (type mémoire ou thèse) et que l’on doit tout considérer comme faux.
Un exemple précis : Le pain de guerre allemand, une histoire culturelle de la Heimatfront par Mme Nina Régis
Après avoir établi les aspects théoriques de l’Histoire de l’alimentation, je vous propose un exemple. Mme Nina Régis, docteure en histoire contemporaine et ATER à l’université Paris 3 Sorbonne Nouvelle, a soutenu une thèse en fin novembre 2022 sur le pain de guerre allemand lors de la Grande Guerre. Après une entrevue avec madame Régis, je vais dès à présent vous résumer les principaux enjeux de sa thèse.
L’Allemagne en guerre ne peut plus bénéficier de l’importation de matières premières, comme le blé, des pays ennemis. Il faut alors créer son propre pain. Il s’agit du K-Brot (Kartoffelbrot), un pain à base de pomme de terre. Il s’agit alors d’étudier en quoi ce pain a eu un effet sur la poursuite de la guerre et comment il est parvenu à galvaniser les troupes. Il s’agit également d’étudier la politique du pain opérée par le Reich allemand, la propagande et la censure. Madame Régis étudie aussi comment ce pain est critiqué par ses ennemis, notamment français. On retrouve dans des cartes postales françaises de l’époque un chien qui fait ses besoins dans le bol que tient un soldat français. A côté, on peut lire lire : “La fabrication du pain KK”, une allusion scatologique. Ce pain, qui avait galvanisé les troupes entre 1914 et 1916, suscite depuis 1916 un dégoût. Après 1918, on peut constater une baisse de consommation du K-Brot, alors associé à la guerre et aux morts.
Néanmoins, la politique du pain n’en termine pas pour autant. Adolf Hitler, pendant le IIIe Reich, fera la propagande du pain de seigle qui rendrait les Allemands, destinés à une très proche guerre, puissants. Il crée d’ailleurs en 1939 le Reichsvollkornbrotausschuss, une commission prévue dans le but d’augmenter la consommation du pain de seigle de 30 à 50%.
ELA
Sources :
Bonnain-Moerdijk Rolande. L’alimentation paysanne en France entre 1850 et 1936. In: Études rurales, n°58, 1975. pp. 29-49; doi : https://doi.org/10.3406/rural.1975.2019 https:// www.persee.fr/doc/rural_0014-2182_1975_num_58_1_2019
CAIRE-JABINET Marie-Paule, « Chapitre 5. « Tournant » des années 1980 et recompositions historiographiques », dans : , Introduction à l’historiographie. sous la direction de CAIRE-JABINET Marie-Paule. Paris, Armand Colin, « Cursus », 2020, p. 133-173. URL : https://www.cairn.info/introduction-a-l-historiographie–9782200626907- page-133.htm
Williot Jean-Pierre, Fumey Gilles, Histoire de l’alimentation. Presses Universitaires de France, « Que sais-je ? », 2021, ISBN : 9782715406834. URL : https://www.cairn.info/ histoire-de-l-alimentation–9782715406834.htm
Pain :
Bio : forcément bien ?
Le bio est très fortement loué et il est est vu comme un exemple social pour une consommation saine et responsable. Il est néanmoins interessant de se pencher sur certains aspects du Bio qui sont masqués derrière ce phénomène sociétal. Afin de nuancer et d’éclairer un petit plus le Bio, il est essentiel d’examiner plusieurs aspects, tels que la productivité, la certification, le coût et les avantages nutritionnels apportés. Nous nous appuierons sur ces 4 points clés.
– Productivité : Le but de l’agriculture est de produire des aliments et des ressources utiles à la société dans laquelle elle se trouve, dans un grand périmètre au niveau mondial. L’objectif essentiel du développement agricole est justement d’assurer un accroissement soutenu de la production alimentaire en lien avec l’augmentation notable de la population mondiale, soit améliorer la sécurité alimentaire. Bien que le Bio soit souvent salué pour ses bénéfices environnementaux et son impact positif sur la santé, il a ceci dit une productivité relative et est en somme moins efficace. Il nécessite de plus grandes surfaces exploitables afin d’obtenir les rendus équivalents à l’agriculture dite conventionnelle. En effet, les rendements des cultures biologiques sont souvent inférieurs à ceux des méthodes conventionnelles.
La question de la productivité occupe une importance particulière à l’échelle mondiale, où la demande alimentaire croît constamment et où l’on cherche des solutions durables pour nourrir une population toujours plus nombreuse.
– Certification : Par la suite la/les certification.s biologique.s soulèvent des inquiétudes sur la cohérence et la rigueur des normes appliquées à l’échelle mondiale. La crédibilité et l’universalité du label bio en tant que production durable est questionnée. On peut d’abord soulever la disparité des normes entre l’Union Européenne et les Etats-Unis. Dans ce dernier, les cultures génétiquement modifiées peuvent être tolérées jusqu’à un certain seuil afin de décrocher le label Bio ; alors qu’en Europe, l’utilisation d’organismes génétiquement modifiés (OGM) est strictement réglementée. De plus, des variations au sein même d’une région peuvent exister. Certains pays peuvent autoriser l’utilisation de substances controversées, compromettant ainsi l’homogénéité des pratiques certifiées Bio.
Les critères de densité animale varient aussi d’un pays à l’autre, influençant directement les conditions de vie des animaux certifiés bio.
En plus de troubler les consommateurs, ces diversités normatives créent un dilemme pour les producteurs biologiques souhaitant exporter leurs produits, car ils doivent s’adapter à des normes différentes selon leur marché cible.
– Coût : Les prix plus élevés des produits bio sont souvent perçus comme un obstacle majeur à l’adoption généralisée de ces produits. Cette réalité soulève des préoccupations quant à la démocratisation de l’accès à une alimentation biologique, renforçant la perception selon laquelle le bio est souvent perçu comme un choix réservé aux consommateurs aisés. Cela tend à perpétuer une disparité économique dans le choix des produits alimentaires, en renforçant l’idée que la durabilité a un coût qui n’est pas accessible à tous. De plus, l’émergence de marques de produits biologiques haut de gamme positionne le Bio comme un produit de luxe. Cela accentue cette perception négative du Bio. Ainsi l’idée que le coût élevé des produits biologiques n’est pas seulement lié aux pratiques agricoles dites durables, mais aussi à une esthétique de consommation haut de gamme se propage de plus en plus… étranglant la démocratisation de l’accès à une alimentation dite respectueuse de l’environnement.
– Avantages nutritionnels : La question des avantages nutritionnels des aliments biologiques est également complexe. Une méta-analyse publiée dans le British Journal of Nutrition a examiné plusieurs études comparant les teneurs en nutriments des produits Bio et conventionnels. Cette analyse a révélé une variabilité significative des résultats, avec des différences non systématiques dans la teneur en vitamines, minéraux et antioxydants. Certains nutriments semblent légèrement plus élevés dans les produits Bio, tandis que d’autres ne montrent pas de distinctions notables.
De plus, une étude publiée dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry a examiné la teneur en antioxydants de divers fruits et légumes Bio et conventionnels. Les chercheurs ont constaté que, bien que certains produits bio présentent des niveaux d’antioxydants plus élevés, cette tendance n’est pas uniforme et dépend fortement de la variété spécifique du produit.
Ainsi, comme on l’a dit auparavant, les variations régionales dans les pratiques agricoles biologiques peuvent entraîner des différences significatives dans les résultats nutritionnels. Les études qui ne prennent pas suffisamment en compte ces variations peuvent fournir une image déformée des avantages nutritionnels des aliments Bio. Et la diversité des résultats souligne la difficulté de tirer des conclusions définitives et effectives.
En conclusion, des nuances émergent à chaque étape du processus de démocratisation du Bio, soulignant la nécessité d’une approche équilibrée pour comprendre les défis et les opportunités liés à l’adoption généralisée de l’agriculture biologique. Il s’agit donc d’avoir une une réflexion continue sur la manière d’harmoniser les avantages potentiels du Bio avec les réalités pratiques de la production alimentaire à l’échelle mondiale.
7. Mignardises :laissez vous tenter par ces notes exquises !
Recettes du bouchon
Le 17 novembre 2023, l’équipe du dossier n° 18 a organisé le passage du bouchon traditionnel avec l’équipe de l’année dernière, la n° 17. Nous avons pu y déguster entre autres de délicieux gâteaux et autres sucreries. Afin de ne pas oublier ce beau moment, nous avons décidé de vous partager quelques recettes pour que vous puissiez les reproduire chez vous.
Carrot cake façon Starbucks
Portions : pour 5-6 personnes
Ingrédients :
Gâteau :
-3 œufs -175 g de sucre de canne -150 g d’huile de tournesol -200 g de farine -2 cuillères à café de levure chimique -250 g de carottes râpées -½ cuillère à café de cannelle en poudre -½ cuillère à café de gingembre moulu -1 pincée de sel ou sel fin
Glaçage : -250 g de fromage à la crème ou cream cheese (Philadelphia ou Saint-Moret) -50 g de sucre glace -50 g de beurre mou
Tout d’abord, cassez les œufs dans un grand bol puisajoutez le sucre de canne et fouettez.Ajoutez l’huile et fouettez de nouveau.Incorporezla farine et la levure. Ajoutez les épices (cannelle et gingembre), le sel et mélangez.Ajoutez les carottes râpées et remuez. Pour finir, versez la préparation dans un moule à cake huilé, lissez la surface et enfournez dans un four préchauffé à 165°C pendant environ 40 minutes. Une lame d’un couteau insérée au centre du cake doit ressortir sèche. Attendez 5 minutes puis démoulez sur une grille. Laissez refroidir.
Ensuite, préparez le glaçage :
Mélangez le beurre mou et le cream cheese. Ajoutez le sucre et mélangez. Quand le cake est bien refroidi, étalez le glaçage avec une petite spatule.
Linzertorte – une tarte autrichienne à la framboise :
Portions : pour 5 personnes
Ingrédients :
-250 g de farine -100 g de sucre -125 g d’arachides en poudre -1 cuillère à soupe de cacao -1 sachet de sucre vanillé -½ sachet de levure chimique -1 oeuf -70 g de beurre -De la confiture de framboise
Mélangez la farine, le sucre, le mélange d’arachides, le cacao, le sucre vanillé et la levure. Ajoutez ensuite l’œuf et le beurre préalablement fondu. Travaillez la pâte et formez une boule. Laissez reposer une nuit à température ambiante. Dans un moule à tarte, disposez la pâte et étalez la confiture sur 1 ou 2 centimètres d’épaisseur. Découpez des lanières de pâte et disposez-les en croisillons sur la confiture. Faîtes cuire au four préchauffé à 220°C pendant 30 min.
Muffins végans au chocolat :
Portions : une dizaine de muffins
Ingrédients : -250 g de courgettes -150 g de farine -50 g de cacao sans sucre -1 cuillère à café de levure -100 g de sucre -80 g de lait végétal -80 g d’huile de colza -80 g de compote de pommes -60 g de pépites de chocolat
Faire préchauffer le four à 180°C. Râpez la courgette finement puis mélangez dans un grand bol tous les ingrédients listés ci-dessus. Mettez ensuite la préparation dans des ramequins à muffins pour les enfourner 20 à 25 minutes.
Nous espérons que ces petites recettes faciles vous permettront de reproduire chez vous quelques douceurs du bouchon !
TMG et HAD
Ecritures créatives
Emilie
Als ich in der zehnten Klasse für drei Monate in Deutschland gewesen bin, habe ich alles in Frage gestellt. Nichts hat Sinn gemacht, ich sollte nicht hier sein. Nichts war für mich normal, alles fehlte mir. In Frankreich war es so, dass ich auf die einfachen Dinge um mich herum nicht aufgepasst habe. Die Straßen, die Geschäfte, die Menschen. Ich behalte diese Distanz bei: « Oh, Frankreich, da gibt’s was Besseres ». Und als ich nach Deutschland gekommen bin, gab es nichts Besseres als Frankreich. Natürlich hat sich das weiterentwickelt. Nach und nach habe ich meinen Platz gefunden, meine Gewohnheiten und meine Lieblingsplätze. Aber ich habe bemerkt, dass ich mehr auf die Welt um mich herum achten sollte. Ich musste alles, was ich gesehen habe, in mich aufnehmen. Sehr schnell gewöhnte ich mich an mein Leben dort. Die Fahrt mit dem Fahrrad zur Schule, das Eis, das der Lehrer gekauft hat, die täglichen Ausflüge zum See und sogar die einfachen Spaziergänge im Park. Und ich habe mich darin verloren. Ich habe nicht mehr an
Frankreich gedacht, an die Menschen dort, an meine Freunde. Ich hatte keinen Kontakt, zu niemandem. Ich hatte das Gefühl, dass ich sie nicht brauchte.
Als ich nach Hause gegangen bin, musste alles von vorne beginnen. Ich kannte die Leute nicht mehr und wusste nicht, wie ich mich verhalten sollte. Ich hatte nicht mehr meine Gewohnheiten und ich hatte das Gefühl, dass meine Eltern nicht verstanden, was ich gerade erlebt hatte. So toll es auch war, in Frankreich zu sein, es machte keinen Sinn mehr. Bei jeder Reise zwischen den beiden Ländern tauchte dieses Gefühl wieder auf. Nie verließ mich das Gefühl, ein Zuhause zu verlassen, und nie das Gefühl, im Unbekannten zu sein.
Ich habe nicht das Gefühl, dass ich irgendwo wirklich hingehöre. Zumindest nicht im Moment. Mein Zimmer ist nicht wirklich meins, aber sobald ich es verlasse, erscheint mir nichts mehr attraktiv. Das Leben in Deutschland scheint nicht zu mir zu passen, aber sobald ich keinen Zugang mehr dazu habe, kann ich nur noch daran denken, es wiederzufinden. Letztendlich ist der einzige Ort, an dem ich mich wie am richtigen Ort fühle, der Zug. Dieser Moment, in dem ich mich weder in einem Land noch in einem anderen befinde und in dem es keine Rolle spielt.
Hannah
Im Moment ist Frankreich meine Wahlheimat und zum Teil fühle ich mich dort wohler als in Deutschland, meiner eigentlichen Heimat. Sich Zeit nehmen, zu essen, das wirklich zu zelebrieren, zu sitzen, zu reden, zu essen immer mindestens zwei Gänge, das fehlt mir in Deutschland.
Menschen, die sich zum ersten Mal sehen und gleich zwei Küsschen geben, an jeder Wange einmal knapp vorbei, für mein deutsches Ich, bizarr. Eine nicht wirklich ambitionierte Mülltrennung und nur zwei vegetarische Menschen in meinem Studiengang tun mir in der Seele weh. Aber das sind eben Unterschiede, nicht ? Obwohl Frankreich meine Wahlheimat ist, fehlt mir manches Deutsche.
Luna
Essay : Was ist Ihr “Blick von außen » ? Mein sicherer Ort ist Deutschland. Es ist mein Land des Trostes mit glücklichen Erinnerungen und Sicherheitsgefühl. Die Entscheidung, dieses Studium zu machen, spiegelt all diese Gefühle wieder : das Gefühl, einen Platz gefunden zu haben, meinen Platz. Es gab immer ein bisschen Unschärfe um mich herum : sowohl aus Marseille, der multikulturellen Stadt, als auch aus gemischten Herkünften und der Migrationsgeschichte, aber vor allem von französischen Eltern und der französischen Sprache. Und es gibt immer Menschen, die versuchen, mich in eine Kategorie zu ordnen, während meine Eltern mich ermutigen, das Unbekannte kennenzulernen. Schließlich habe ich mich für Deutsch entschieden. Ich kann es nicht erklären, aber wenn ich das Land besuche, fühle ich mich wohl, willkommen und an meinem Platz. Ich liebe Frankreich (vielleicht den Süden mehr) und alles, was es mir bringt und bietet. Ich bin stolz auf meine Stadt und die kulturelle Mischung. Aber ein Teil von mir hat Deutschland als Zufluchtsort erkannt. Eine immer positive Blase. Menschen, die so offen sind. Ich werde nie wirklich eine Deutsche sein. Aber es gibt etwas in mir, das aufblüht und mich in diese Richtung zieht. Doch werde ich, wenn man mich bittet, mein Haus zu definieren, meine Familie nennen. Nicht ganz Frankreich, viel mehr Marseille und der Süden und definitiv meine Familie. Und dieser kleine Faden, der immer stärker nach Osten zieht.
Paulina
Essay „Der Blick von außen » (Paulina Pflanz)
Manchmal fühlt es sich so an, als würde ich zwischen zwei Welten leben. In Frankreich bin ich die Deutsche und in Deutschland bin ich die, die Frankreich liebt. Und dann frage ich mich oft, wo ist mein Zuhause?
Die Antwort darauf kenne ich nicht. Wahrscheinlich irgendwo zwischen Paris, Berlin und der Vergangenheit. Irgendwo zwischen Croissants und Currywurst, Orangina und Club-Mate, Brasserie und Späti.
Ich habe keine Ahnung, wo es mir besser geht und wo ich mich wohler fühle. Habe ich das Eine, fehlt mir das Andere. Dann ertappe ich mich oft, wie ich durch Berlin laufe, mit Barbara oder Orelsan in meinen Ohren und an diese eine Nacht denke, in der wir auf den Sonnenaufgang über Montmartre gewartet haben. Doch welches Lied haben wir gehört, als sich der gelbe Ball über die Häuser von Paris erhob? Das Orangenlied von Annenmaykantereit.
Vielleicht liebe ich es einfach Fernweh oder Heimweh zu manifestieren, vielleicht suche ich auch verzweifelt nach einem Ort zwischen dem Eiffelturm und dem Brandenburger Tor, vielleicht aber hab ich einfach das Glück, mich überall, wo ich will, zuhause zu fühlen und wahrscheinlich ist das heutzutage sogar möglich. Zwar werde ich in Frankreich nie ein so qualitativ gutes Bier finden wie im Kreuzberger Späti oder Potsdamer Biergarten, aber ich kann mir Choucroute mit Speck vom Markt kaufen, Club-Mate finde ich bei Franprix und Henning May gibt es auf Spotify, egal ob ich auf einer Pariser Parkbank oder im Mauerpark sitze.
Doch schaue ich auf das, was sich hinter dem Land, in dem ich lebe, versteckt, sehe ich Dinge, um die ich das Land nicht beneide. Ein zentralisierter Staat, der durch sein elitäres Bildungssystem und die Hauptstadt Paris eine soziale Ungleichheit schafft. Ein Land, das so gespalten ist, dass fast die Hälfte der Bevölkerung die Rechtspopulisten wählt. Ein Land, das seinen Nationalstolz noch nicht verloren hat und sich oft nicht eingesteht, in der Vergangenheit Fehler gemacht zu haben.
Da ist es mir doch selbst im 21. Jahrhundert noch nicht entgangen, dass Franzosen die Kolonialisierung afrikanischer Staaten herunterspielen oder ihre Nationalhymne mit mehr Herzblut als jedes andere europäische Land mitsingen.
Ich würde lügen, wenn ich sage, dass ich es nicht mag, wenn Franzosen ihre Gastronomie « verehren » oder sich am 14. Juli auf den Straßen versammeln. Vermutlich ist es sogar das, was mir in Deutschland fehlt. Und dennoch passiert es mir, die Franzosen als arrogant und als zu patriotisch abzustempeln.
Wahrscheinlich werde ich nie verstehen, wie die Vergangenheit die Länder, die sich den Rhein teilen, unterschiedlich geprägt hat. Und dennoch finde ich das gerade interessant.
Frankreich oder Deutschland? Ich kenne die Antwort nicht, aber ich glaube, ich muss mich auch nicht entscheiden, denn zusammen sind beide viel schöner!
Marie-Pierre
Es ist nun fast 16 Jahre her, dass ich meine Heimat verlassen habe, um als Au-Pair-Mädchen in Deutschland zu arbeiten. Ich kann mich noch gut daran erinnern, wie aufgeregt ich war und wie ich mich auf die Reise freute! Alles, was ich bis dahin nur im Fernsehen gesehen hatte, würde ich mit eigenen Händen anfassen können : Wolkenkratzer, Schnee, schöne Straßen, die zu Weihnachten in tausend Lichtern glitzern…
Ich wusste, dass Deutschland anders sein würde als Kamerun. Aber was mir nicht klar war, ist, wie unterschiedlich die Menschen in verschiedenen Umgebungen sein können. Alles war viel zu anders und viel größer, als ich es mir vorgestellt hatte. Alles ging auch viel schneller : die Menschen in der U-Bahn, die Autos, die Schlangen im Supermarkt… Mit der Zeit passt man sich an, verändert sich. Und der Begriff “Zuhause” wird verschwommen. Wenn ich reise, fühle ich mich wie ein Automat, der Punkte verteilt : Pluspunkte für die Pünktlichkeit, Minuspunkte für… 🙂