Qui suis-je ?

Je suis née en Normandie dans la petite ville d’Alençon, dans l’Orne en 1975. J’ai commencé l’allemand de façon assez classique en 6e  : c’était ma LV1. C’était pour mes parents la façon d’être dans la bonne classe du collège. C’était plutôt par hasard donc, mais j’en ai fait jusqu’au bac, en 1992. 

Au début, l’allemand n’était pas du tout une vocation. J’ai eu un professeur d’allemand au lycée qui nous faisait travailler surtout avec des phrases à traduire, cela manquait de vivant. Je me souviens particulièrement de la chute du mur : j’étais en classe de seconde en novembre 89, on n’en a quasiment pas parlé, on a juste continué la grammaire, les traductions, comme si de rien n’était. Je me suis dit que c’était bizarre d’enseigner une langue vivante ainsi, alors qu’un événement planétaire avait lieu dans le pays dont on apprenait la langue. A l’époque, je n’étais pas très motivée, c’était vraiment très vieux jeu comme méthode d’enseignement. 

Après le bac, je suis venue à Paris en hypokhâgne au lycée Lakanal à Sceaux. C’est là que j’ai  eu une prof d’allemand incroyable, Madame Lafond, que je n’oublierai jamais, qui m’a fait apprécier l’allemand à sa juste valeur. En khâgne, j’ai choisi l’allemand comme spécialité ; j’ai fait deux khâgnes : une au lycée Lakanal et une autre au lycée Henri IV où j’ai décidé de continuer l’allemand. Je suis entrée après à l’ENS, l’Ecole Normal Supérieure par le concours en science sociale et en parallèle,  j’ai fait Sciences Po Paris. Mon projet était de travailler pour la Commission européenne et j’ai continué l’allemand dans cet esprit.

Pendant mes études, je suis partie un an à Leipzig de 1997 à 1998. C’est une année qui m’a beaucoup marquée. Pas très longtemps après la réunification, il y avait encore beaucoup de traces de la RDA, et j’ai beaucoup aimé parler avec les gens de leurs expériences et de leur quotidien. Tout ça n’avait rien avoir avec ce qu’ on m’avait appris dans les livres d’histoire sur la RDA. Les cours étaient très riches. J’étais en plus étudiante en échange avec l’ENS donc je pouvais choisir les cours que je voulais : en science politique, en sociologie et plein d’autres matières. Ça m’a donné envie de faire de la recherche sur la RDA, sur la suite des évènements et les mécanismes de transition. Quand je suis rentrée de Leipzig, j’ai passé l’agrégation. 

Ce qui m’a motivé à être professeure c’est la double dimension d’enseignant en France : être professeur va de pair avec la recherche. J’avais déjà commencé à donner des cours particuliers de français en Allemagne, à Erfurt. J’aimais aussi expliquer et transmettre.

Je n’ai jamais cessé d’être liée d’une façon ou d’une autre à la Sorbonne Nouvelle comme étudiante, même quand j’étais en hypokhâgne. J’y ai fait mon DEA et ma thèse, puis j’ai été recrutée comme assistante en AMN (c’est un contrat doctoral et ensuite comme maître de conférences). 

Avant d’être professeure et de faire de la recherche, j’avais fait des stages : un stage au conseil de l’Europe à Strasbourg pendant 3 mois. Mais c’était très administratif et le rôle du conseil de l’Europe est d’abord consultatif. Je ne voyais pas assez le résultat et me suis tournée vers un autre domaine. J’ai également un stage TV5 Monde car je voulais voir comment les médias fonctionnaient. C’était plus intéressant, mais l’information était maniée de façon trop légère à mon goût. Creuser les choses en profondeur ne me correspondait plus.

Actuellement, je suis maître de conférences à la Sorbonne Nouvelle. Je dirige le département d’études germaniques depuis septembre : ça implique l’enseignement, la recherche et pas mal de tâches administratives diverses comme s’occuper des liens avec les autres départements. Et en parallèle je fais passer le concours de l’agrégation. 

En tant que professeure, j’enseigne surtout l’histoire de l’Allemagne, la civilisation allemande au XXe siècle et au XXIe siècle. J’enseigne aussi la traduction et l’actualité dans le master de journalisme de transnationale et en master MEEF pour préparer les étudiants aux métiers d’enseignements. J’ai aussi enseigné un court moment à Paris 12, j’ai enseigné à la fac en Allemagne à Erfurt mais c’est plutôt quand même l’exception. J’enseigne très peu en dehors. 

J’ai choisi ces spécialités d’enseignements car l’histoire peut se raconter de différentes façons. Quand j’étais à Leipzig on se concentrait plus sur l’histoire des pratiques sociales, une égalité femme-homme pensée différemment. Les sujets sont très diversifiés. J’avais envie d’apporter ma pierre, le travail en archive ne me fait pas peur, ça me plait même.

En tant que chercheuse, j’ai publié plusieurs articles, des monographies. Je suis en train de préparer une publication sur les institutions de RDA et dont une, la maison berlinoise du travail culturel. Elle s’occupait d’organiser les collectifs artistiques dans les entreprises car l’art ouvrier était très encouragé en RDA. J’ai aussi publié récemment un ouvrage bien plus général en Allemagne qui s’appelle la RDA après la RDA. C’est une recherche sur la RDA aujourd’hui dans les mémoires familiales, dans la littérature, dans les romans, des récits de vie autobiographiques, biographiques. Ce qui est sûr, c’est que je ne changerais pas de métier de si tôt. 

A propos du sujet de la revue, on voit des côtés positifs. Je fais partie du comité de rédaction d’une revue, on peut se connecter à distance pour la réunion. Certaines réunions, comme en hybride, sont très pratiques, on est plus nombreux à chaque fois. D’un autre côté, je sens une grande saturation des cours en distanciel avec certains étudiants derrière l’écran. J’ai réalisé que le métier d’enseignant ne se portait pas au distanciel. Ça change la nature de l’enseignement. On peut bien sûr enregistrer des cours et les étudiants écoutent chez eux mais ça ne pourra remplacer jamais quoique ce soit, c’est juste un complément. Les inconvénients sont beaucoup plus lourds que les avantages. 

Quant au phénomène de FOMO, ça me concerne indirectement, je vois ça chez mes enfants adolescents. Personnellement, je n’ai pas peur de rater des choses : je suis sur les réseaux sociaux, j’ai un compte Instagram et un compte Facebook mais j’utilise ces réseaux sociaux qu’avec les gens que je connais dans la vraie vie. Ce n’est pas l’utilisation classique des réseaux sociaux. Mais mes enfants ont du mal comme tous ceux de leurs générations à quitter les écrans. Il y a une addiction très forte et j’essaie de lutter comme je peux mais de façon peu convaincante. On a beau savoir que ce sont des algorithmes faits pour rendre addicts, la machine a une emprise très forte : elle est faite pour ça, et le recul n’est pas très grand. Comme je suis d’une génération plus ancienne ça ne me concerne moins directement, c’est surtout par l’intermédiaire de mes enfants que je vis ça.  

Avec toutes les infos que je vous ai données, trouver qui je suis n’est plus qu’un jeu d’enfant. 

CN, JQG

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *