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En interview avec Marie-Aude KONE, parisienne ayant vécu dans la capitale française, diplômée en Industries des Langues et Traduction Spécialisée, diplômée en Management Interculturel, Model, Photographe et Brand Representative, Foodie et Maître d’Hôtel dans les établissements exclusifs à Londres où elle est toujours la bienvenue; et actuellement Executive Assistant dans le monde de l’investissement – elle est polyglotte avec une passion pour les langues – et a accepté de partager ses expériences et ses pensées avec nous.
Bonjour Marie-Aude,
Vous êtes multilingue, diplômée en Industries des Langues et Traduction Spécialisée, diplômée en Management Interculturel, Model et Brand Representative, Foodie et Maître d’Hôtel dans les établissements exclusifs à Londres, et actuellement Executive Assistant dans le monde de l’investissement – comment arrivez-vous à faire tellement de choses ?
Hello, hello.
Déjà, merci pour cette question, parce qu’elle résume assez bien mon parcours, et ça fait plaisir, parce qu’on n’y pense pas toujours, mais du coup ça me montre que j’ai quand même fait pas mal de choses, donc merci.
Comment j’arrive à faire toutes ces choses ? Écoute, je pense que je suis quelqu’un de très curieuse.
J’aime bien découvrir de nouvelles choses, de nouveaux secteurs. J’aime bien les challenges aussi. Ça, c’est vrai que c’est quelque chose que j’ai appris avec le temps, j’aime bien les challenges. Et je pense que ce qui m’a aidée à justement réussir à faire tout ce que j’ai fait, c’est que j’ai une bonne capacité d’adaptation.
Je pense que j’observe beaucoup quand je démarre dans un nouveau domaine et j’essaye d’absorber tous les conseils qu’on me donne, tout ce que je peux apprendre, et pour être la plus opérationnelle possible, la plus réactive possible, le plus vite possible, et c’est comme ça. Mais je pense que c’est surtout la motivation et l’envie d’apprendre de nouvelles choses, la curiosité tout simplement.
C’est comme ça que j’ai réussi à faire pas mal de choses. Et aussi, il y a quelque chose que, vraiment, j’ai réalisé avec le temps, et ça même lors de mes études, parce que, comme je faisais aussi des jobs étudiants pour payer mon école, l’école de mon deuxième master, j’ai aussi vu que j’avais une forte capacité à… comment dire… capacité de travail. Je peux abattre beaucoup de travail, c’est ça que je voulais dire. Donc, je pense que ça, ça m’a aussi beaucoup aidée à faire toutes ces choses.
Si vous pensez à vos études de Langue, de Traduction et de Management Interculturel à Paris, est-ce que vous pensez avoir appris des choses que vous avez pu faire valoir plus tard ?
La première chose que je dirais, c’est que le fait même d’avoir fait des études de langues, ça a été un avantage tout au long de mon parcours, parce que déjà, rien que le fait de parler anglais, en fait, ça, ça a été un gros plus.
Je pense que ça a beaucoup, beaucoup joué en ma faveur dans tous les postes que j’ai pu occuper, que ce soit à Paris ou en Angleterre. Et à l’inverse, en Angleterre, le fait de parler français, c’était vraiment un plus. Et l’allemand comme deuxième langue, un autre plus, parce que c’est une langue qui est quand même moins parlée que d’autres langues comme l’espagnol, on va dire. Voilà. Et pendant mes études, oui, j’ai beaucoup appris sur le travail en équipe. J’ai beaucoup appris à travailler avec des personnes qui travaillent différemment de la manière dont moi je travaille. Donc apprendre à faire des compromis, apprendre à s’inspirer aussi d’autres méthodes de travail, parce que finalement, ça nous fait découvrir aussi d’autres choses auxquelles on ne pense pas, on ne pensait pas forcément sur nos méthodes, nos propres méthodes de travail. Et ça m’a aussi appris à gérer beaucoup de pression finalement, parce qu’on avait… enfin moi, par exemple, lors de mon deuxième master, j’avais énormément de projets à gérer en même temps et avec diverses personnes. Donc, c’est vrai que ça, j’ai pu le valoriser dans les différents postes que j’ai occupés au final.
Vous avez beaucoup voyagé, vous avez rencontré beaucoup de personnes influentes, quelles sont les réactions de ces personnes quand elles apprennent que vous parlez aussi l’allemand ?
Les gens sont souvent étonnés quand ils apprennent que je parle allemand, parce que c’est peut-être moins attendu, puisque c’est une langue qui est moins choisie quand il faut faire le choix des LV2 au collège. Et c’est vrai que… oui, ça en a surpris plus d’un et d’une. Et voilà, ils trouvent ça… j’ai l’impression qu’ils sont assez impressionnés quand je leur dis ça. Et ils se disent, ah oui, quand même. Ils sont très étonnés en général. Je pense qu’on m’a également demandé pourquoi j’avais fait ce choix d’apprendre l’allemand plus qu’une autre langue. Et parce que je pense que c’est une langue qui paraît souvent difficile à apprendre par rapport à d’autres. Et voilà, ça aussi, je crois que c’était quelque chose qui revenait assez souvent.
Est-ce que vous pensez que, avec la qualité croissante des programmes de traduction, apprendre des langues, c’est encore un avantage ?
Après, j’adore ça. Donc je ne suis peut-être pas la personne la plus objective sur le sujet. Mais je pense que t’en apprends tellement sur la culture, sur le pays, sur les… tout simplement les gens qui parlent cette langue. Je trouve que c’est très important. Alors oui, il y a beaucoup de programmes de traduction et il y a aussi de la traduction littérale, la traduction accompagnée et tout. Je sais qu’il y a beaucoup, avec tout ce qui est AI maintenant, donc c’est très… mais ça ne remplace pas le fait d’apprendre une langue. Je pense que c’est un partage, un échange et c’est encore très valorisant. Dans le milieu professionnel, ça peut vraiment être un gros plus, je pense.
Est-ce que vous pouvez vous souvenir d’un moment où la communication entre deux personnes était difficile à cause des différences de langue ou de culture ?
J’ai beaucoup d’exemples, mais je vais t’en citer deux en essayant d’être assez rapide.
Mais, par exemple, quand je travaillais à Maison François, j’avais un collègue, qui est maintenant un ami, qui est turc d’origine et dont l’anglais n’était pas non plus très compréhensible. Il avait du mal et il travaillait au bar. Et je me souviens que certaines personnes avaient du mal avec lui parce qu’ils avaient l’impression, ils ou elles avaient l’impression qu’il parlait de manière un peu abrupte et… ou alors froide ou sèche, alors que pas du tout. C’était plutôt lié à sa difficulté à parler l’anglais et à prononcer l’anglais comme il le fallait. Et c’est vrai que là, par exemple, ça a été un peu compliqué, mais au fil du temps, il s’est amélioré et il fallait juste apprendre à le connaître, c’est vrai. C’est vrai que même moi, au début, j’avais un peu un a priori.
En fait, pas du tout. C’est quelqu’un de très, très, très sympathique. Donc là, ça, c’est un exemple.
Et j’en ai un là qui est tout récent. C’est que, dans mon poste actuel, on a un nouveau stagiaire dans notre service qui est italien et qui ne parle pas du tout français. Donc, on communique uniquement en anglais avec lui et, bien que son anglais soit très, très, très bien, il a un fort accent italien et parfois, c’est vrai qu’il peut chercher un peu ses mots.
Donc, c’est vrai que parfois, la communication peut être un peu plus difficile avec les différences de langue, tout simplement, et les différences culturelles aussi. Ça, c’est vrai que ça joue aussi pas mal. Je l’ai vu aussi quand j’étais à Londres, où les différences culturelles, c’est tellement large. Ça peut même être une façon de parler à quelqu’un, une façon de s’adresser à quelqu’un. Voilà.
Est-ce qu’il y a une langue que vous voudriez encore apprendre / ou une culture que vous voulez absolument découvrir ?
J’aimerais apprendre tellement d’autres langues.
Alors là, mais je voudrais apprendre l’italien, l’espagnol, le japonais, le coréen. Et… Est-ce que j’oublie quelque chose ? Principalement ça, oui.
Vous avez fait des études de Management Interculturel : est-ce que vous pensez qu’en France et en Europe, nous sommes trop autocentrés ? Est-ce que nous devrions nous intéresser plus à d’autres cultures ?
Question très pertinente. Écoute, ma réponse va être assez nuancée.
Je pense que d’un côté, un peu, oui, on est un peu autocentrés et que c’est vrai, on regarde avant de partir. Je veux dire, par exemple, quand t’es en France, il y a un truc que – ça, c’est quelque chose que j’ai remarqué depuis longtemps – t’as l’impression… Enfin, après, les Français, on est réputés pour se plaindre aussi, je sais, mais t’as l’impression qu’ici, il y a tout ce qu’il y a de pire, tu vois. Les pires administrations, le pire système éducatif. Alors, je sais que c’est loin d’être le meilleur aussi, mais tu vois, tout.
Alors que quand tu voyages un peu, tu te rends compte qu’il y a des choses qui ne sont pas si mal ici. En Angleterre, j’ai aussi un peu eu ce sentiment, j’avoue, même si on voit que, par exemple, Londres, c’est très multiculturel. Eh bien, j’ai quand même eu ce petit… Oui, je trouve un peu aussi qu’il y a ce petit côté un peu autocentré là-bas.
Après, pourquoi je te dis que mon propos va être nuancé, c’est que moi, j’ai eu la chance de rencontrer des gens de tellement d’horizons différents qui s’intéressent justement à plein d’autres cultures, que du coup, il n’y a pas eu que ça. Mais ces personnes-là, la plupart du temps, sont des personnes qui sont d’autres horizons, si je puis dire. J’espère que je me fais comprendre, tu vois.
Par exemple, moi, à Londres, j’ai rencontré plein d’Italiens, de personnes du Bangladesh, du Pakistan, d’Asie, vraiment. Et des gens qui sont dans l’échange culturel. Mais si je te parle des British eux-mêmes, j’avoue, un peu moins.
Vous avez passé quelques mois en Allemagne pendant vos études, pourquoi et comment est-ce que vous avez vécu ce moment ?
J’ai vécu à Cologne pendant une année, a gap year (ndlr : une année de césure), parce que j’avais fini ma licence en allemand. Et avant de faire mon master en traduction spécialisée, je trouvais que mon niveau d’allemand n’était pas assez bon pour faire ce master, sachant que j’avais jamais été longtemps en Allemagne. On ne pratiquait pas assez à l’oral ici, à Paris. Donc je me suis dit, il faut que je me jette dans le bain. J’avais peur.
Et comment j’ai vécu ce moment, c’est que j’avais peur, parce que je connaissais absolument personne à Cologne, mais personne, à tel point que quand je suis arrivée, j’avais limite peur de me cogner à quelqu’un dans la rue, tu vois, de peur de devoir dire pardon, même en allemand. C’était assez… Au début, j’ai eu très peur. Et puis, au fur et à mesure, ça a été, ça s’est très bien passé. Ça a été une belle année. J’ai rencontré des gens vraiment sympathiques. Et au final, mon allemand s’est bien amélioré. Je pense que c’est une de mes plus grandes fiertés, j’avoue ça, parce qu’au final, il y a des fois aujourd’hui où je me dis « mais comment j’ai fait ça, quoi ?« J’arrive même pas à réaliser… Je ne réalisais pas ce que c’était à l’époque, mais ça a vraiment été bénéfique pour moi et j’en suis très fière. Donc, comment j’ai vécu ce moment, au début, un peu la panique. Et puis après, je me suis adaptée et ça a été.
Dans le monde du travail actuel, nous ne restons pas toujours sur le même chemin. Parlons de vos aspirations, qu’est-ce que vous souhaitez faire ou avoir accompli dans 20 ans ?
Il y a tellement de choses que j’aimerais faire, mais on n’a qu’une vie et le temps passe vite.
Une chose dont je suis sûre, c’est que je ne veux pas du tout rester dans le monde “corporate” toute ma vie. Je veux changer à un moment donné. Je trouve qu’il y a tellement de choses à faire.
J’ai la chance de… Je sais pas si je devrais dire d’être passionnée, mais en tout cas d’aimer beaucoup de choses, ne serait-ce même que du côté créatif, comme tu sais, du côté culinaire, du côté événementiel, de la musique aussi. Donc, il y a tellement d’autres choses que j’aimerais faire. Peut-être toucher un peu à tous ces domaines et surtout créer quelque chose, moi, avoir quelque chose à moi.
Ça, c’est l’un de mes rêves et je pense que j’ai dû t’en parler, mais j’y travaille, j’y travaille, j’y réfléchis beaucoup parce que c’est quelque chose que je veux absolument faire. S’il y a autre chose que je veux accomplir dans les prochaines années ou même au cours de ma vie, c’est aussi beaucoup aider, aider les autres, ceux dans le besoin, ça aussi j’y pense beaucoup, comment faire. Tu vois, moi, à ma petite échelle, parce qu’on se dit souvent, oui, mais moi, qu’est-ce que je peux faire, mais aider, ouais, trouver quelque chose pour aider, que ce soit ici, en France, mais aussi en Côte d’Ivoire, j’y pense beaucoup. Voilà.
En vous adressant aux étudiant.e.s de langue de notre université, est-ce que vous auriez un conseil à donner ?
Courage, déjà, première chose, parce que je pense qu’encore aujourd’hui, les études de langue sont vues comme quelque chose d’assez, je ne sais pas si je devrais dire simple ou pas si difficile, où on se dit, mais qu’est-ce que vous allez faire après ?
Moi, je dirais déjà courage, parce que je sais à quel point ce n’est pas facile, et foncer, quoi, foncer et surtout, n’hésitez pas, quand vous avez une idée, n’ayez pas peur de risquer, en fait, pour faire ce dont vous avez envie. Et si vous avez envie de changer, changez. Si vous voulez prendre une pause pour faire autre chose, faites une pause. Mais vraiment, je dirais que poursuivez là-dedans et ce n’est pas parce qu’il y a des programmes de traduction, des machines, des robots, que les métiers de langue n’ont pas d’avenir. Bien au contraire, moi, je pense que c’est nécessaire qu’il y ait des gens qui étudient encore les langues parce qu’on a besoin de personnes qui ont une connaissance au-delà de la langue, une connaissance de la culture aussi et qui peuvent la transmettre.
Moi, je pense que le partage des langues, c’est tellement beau. Après, ce n’est que mon avis.
Et merci pour cette interview que j’ai beaucoup appréciée de faire.
Merci beaucoup à vous und alles Gute für die Zukunft !
SL