Cette année, le CEREG (Centre d’Etude et de Recherche sur l’Espace Germanophone) organise un séminaire sur le thème de l’atmosphère. Le CEREG est une équipe d’accueil de germanistes de l’Université Sorbonne Nouvelle (Paris 3) et de l’Université de Nanterre (Paris 10). Ce séminaire est en partenariat avec l’Université Paris 8 – Vincennes Saint Denis et la première séance s’y est d’ailleurs déroulée.
Le CEREG organise plusieurs manifestations au cours de l’année qui sont des moments de partage de questionnements sur des thèmes donnés. Le séminaire dont il est question s’inscrit dans un axe de réflexion plus large, sur plusieurs années, qui est résumé de la façon suivante : « Sixième sens et quatrième dimension : Sensorialités, arts et esthétiques ». En effet, l’art, l’esthétique et les sciences de l’art font partie des domaines de recherche du CEREG, notamment grâce à une tradition conséquente de l’esthétique allemande. Sous ce grand axe de recherche se dessine notamment la question du « rôle de la sensorialité et du corps humain dans les arts ». L’étude de l’esthétique allemande permet également de développer des réflexions plus concrètes sur le rôle de la sensorialité dans des dispositifs nouveaux comme la scénographie muséale, les performances artistiques et les dispositifs immersifs.
Malgré la précision du thème général, le champ étudié est assez large pour aborder des thèmes divers, comme en témoigne le séminaire de l’année passée qui portait sur les synesthésies, c’est-à-dire sur le phénomène d’association automatique d’une perception sensorielle à une autre dans un domaine sensoriel différent (par exemple l’association des sons et des couleurs).
Le thème de l’année 2023/2024 est l’Atmosphère et son étude dans l’espace germanique, notamment à travers la lecture critique du philosophe allemand Gernot Böhme qui a théorisé dans les années 1990 le principe d’atmosphère censé renouveler le champ de l’esthétique. Les domaines abordés lors du séminaire afin d’interroger la notion d’atmosphère sont multiples : philosophie esthétique, anthropologie, science de l’art mais aussi des domaines moins attendus tels que l’acoustique ou la religion.
La première séance de ce séminaire a eu lieu le vendredi 10 novembre à l’université Paris 8. L’intervenante Mildred Galland (spécialiste de philosophie allemande et d’esthétique) a résumé le thème de son exposé comme suit : “Penser la symbolisation à partir de l’espace intoné (gestimmter Raum). Le cas du couple haut/bas.” dont l’un des objets était de présenter l’œuvre Aisthétique de Böhme ainsi que ses limites. Le titre de la conférence témoigne déjà des subtilités de la traduction qui sont à prendre en compte lors de démarches franco-allemandes : en effet, la notion de “gestimmter Raum” est traduite en “espace intoné”. Les réflexions théoriques de Böhme ont également permis de se questionner sur le rôle de l’atmosphère dans notre quotidien. L’analyse de l’architecture et de l’effet qu’elle provoque sur nous en fonction de ses proportions et de son équilibre, vertical ou horizontal, ont souligné l’omniprésence des effets d’atmosphère auxquels nous sommes confrontés.
Confirmant l’amplitude des champs concernés par la question de l’atmosphère et l’interdisciplinarité de ce séminaire, la prochaine conférence portera sur : “L’ethnographe en passeur d’ambiances. Une anthropologie des arts et des sciences sous influence de l’esthétique des atmosphères.” et aura lieu à la Maison de la Recherche de la Sorbonne Nouvelle le 26 janvier 2024.
JF