6. Farandole de desserts : pour tous·tes les gourmand·es
L’étudiant français face à la précarité, un festin d’inquiétudes
Dans ce manège de parc d’attraction qu’est la vie étudiante en France, les regards sont souvent tournés sur l’effervescence académique, les aspirations professionnelles, et les amitiés naissantes. Cependant, derrière cette façade, une zone d’ombre est présente : celle de la précarité étudiante.
La flambée des prix alimentaires
Dans les statistiques économiques post COVID, un chiffre retient particulièrement notre attention : l’inflation. Je vous renvoie ici aux données annuelles de 1991 à 2022 concernant le taux d’inflation publiées par l’INSEE. Les étudiants, non seulement, subissent une hausse des loyers mais une hausse non négligeable, pour ne pas dire révélatrice, des coûts alimentaires de base, devenant des denrées rares pour eux. Les rayons des supermarchés deviennent un lieu d’envie, de fantasmes culinaires. Albert Mathieu, le PDG de Panzani admet lors d’une entrevue au Parisien que le prix des coquillettes qui était à 76 centimes en juillet 2021 a augmenté de 38% en deux ans, soit presque 2,75€ le kg. Les étudiants n’étaient pas prêts à cela.
L’alimentation estudiantine : entre malbouffe et sous-nutrition
La malbouffe comme solution de facilité :
Au cœur de cette crise alimentaire se trouve la tentation de la malbouffe, une compagne familière des étudiants pressés et stressés. Les repas rapides, souvent riches en sucres et en gras, deviennent des substituts alléchants pour des repas équilibrés mais chronophages. La malbouffe est satisfaisante sur le moment mais entraîne des conséquences dramatiques sur la santé des étudiants. Prix, stress, santé : voici la somme de la vie d’un étudiant.
Sous-nutrition : une menace silencieuse
En parallèle à la malbouffe, la sous-nutrition émerge comme une menace silencieuse. Les étudiants se retrouvent parfois incapables de garantir une alimentation saine et équilibrée. Carences et repas irréguliers peuvent devenir courants, ce qui épuise mentalement et physiquement les étudiants.
Le Bio, pas une priorité pour l’étudiant : Entre rêves et réalité budgétaire
Bio ou pas Bio ?
Le bio, souvent promu comme la fontaine de jouvence d’une alimentation saine et éthique, reste un luxe pour de nombreux étudiants. Les rayons bio des supermarchés, bien que séduisants, sont souvent synonymes de prix plus élevés. Pour l’étudiant moyen, déjà aux prises avec des dilemmes financiers, opter pour des produits bio semble être une fantaisie inaccessible. Cette réalité soulève une question essentielle : Qu’en est-il des actions publiques qui démocratiseraient l’accès au bio, voire une alimentation saine tout simplement ?
Les alternatives abordables :
Néanmoins, il existe des alternatives. Les applications, comme Getir ou Too Good To Go, proposent des paniers de nourriture à très peu cher. Et ils peuvent obtenir, par cette même occasion, des fruits et légumes qui sont prévus d’être jetés car la date de péremption arrive bientôt ou parce que leur forme n’est pas parfaite. Mais pour vraiment arriver à nos fins, il faut qu’il y ait des collaborations entre les acteurs publics et privés pour trouver des solutions !
Vers une révolution alimentaire étudiante
L’étudiant français, entre précarité et besoins nutritionnels, se retrouve à la croisée des chemins. La question du bio mérite d’être abordée. En unissant nos efforts, il est possible de créer un environnement où chaque étudiant peut poursuivre ses rêves académiques sans sacrifier sa santé et son bien-être.
La précarité étudiante n’est pas une fin en soi, elle doit être le point de départ de débats pour un avenir alimentaire plus serein.
ELA
Potager amateur ou autarcie alimentaire ?
L’autarcie alimentaire peut être définie simplement comme la capacité à une certaine échelle (nationale, locale) de subvenir aux besoins alimentaires d’une population, uniquement par ce que cette dernière cultive. C’est donc l’idée que les individus ne consomment que ce qu’ils produisent.
Certains utilisent le terme de “souveraineté alimentaire” qui désigne également une certaine autonomie, mais dans une moindre mesure puisqu’elle tolère les échanges, commerciaux notamment avec d’autres territoires. L’autarcie alimentaire au contraire repose sur une complète autonomie, ce qui est rendu difficile par la mondialisation.
Dans le cadre des problématiques engendrées par le développement durable, la préfecture du département du Tarn, à savoir la ville d’Albi s’est lancée dans un projet ambitieux, celui de tendre vers une autonomie alimentaire. En effet, en 2014 la commune d’Occitanie a annoncé vouloir atteindre l’autosuffisance alimentaire en 2020. Les buts affichés par la mairie sont notamment de favoriser l’agriculture de proximité et ainsi renforcer les liens entre les producteurs et les consommateurs, mais aussi de donner accès à des produits locaux, de bonne qualité et sains à un maximum de citadins.
Le site de la mairie d’Albi rend compte des actions qui ont été réalisées et nomme par exemple la création d’un potager dans le parc Rochegude, ou encore l’entretien de jardins partagés par l’association Les Incroyables Comestibles. Par ailleurs, ce projet a permis d’aménager plus de 1000m² de jardins. La mairie d’Albi souligne le rôle clé de la « Cuisine centrale municipale » qui permet entre autres de proposer tous les mois un repas 100% local qui est ensuite distribué dans les restaurants scolaires ou autres collectivités.
Néanmoins ce projet est critiqué, considéré comme un « coup de pub » pour la ville, en raison de sa rapide médiatisation, les actions concrètes ont tardé à voir le jour. Les critiques évoquent notamment le choix de la mairie de céder des terres cultivables pour la construction d’une grande surface, ce qui ne rentre pas en adéquation avec l’idée d’une consommation locale.
Il semble donc difficile de concilier les enjeux sociaux et environnementaux avec les problématiques économiques.
En plus des initiatives collectives pour une certaine émancipation des réseaux de la grande distribution, certaines personnes entreprennent également ces démarches à une échelle plus personnelle. Dans un moment où la stabilité des ressources alimentaires paraît en danger, certains décident de passer individuellement à l’action et de commencer à développer un mode de vie autarcique. En effet, les évènements récents tels que la guerre en Ukraine ont entraîné une augmentation des cours du pétrole et de ce fait une augmentation du coût de la production agricole, ce qui rend la distribution alimentaire instable.
L’autarcie alimentaire peut s’expliquer comme une réponse à une crise ou comme une nécessité dans certains cas mais aussi comme un choix idéologique. Le processus d’indépendance est souvent progressif et les modes de fonctionnement sont aussi multiples que le nombre de personnes qui pratiquent l’autarcie. De plus, les degrés d’indépendance peuvent varier d’une simple indépendance alimentaire jusqu’à une totale indépendance des systèmes d’électricité et d’eau courante.
Samuel Lewis, un paysan et artisan d’origine britannique, illustre l’une des façons de concevoir ce mode de vie particulier. Il habite depuis 30 ans à Druault, dans les Côte-d’Armor avec sa famille et consacre une grande partie de son temps à cultiver sa parcelle de quatre hectares. Il y fait pousser une grande variété d’aliments tels que des panais, des épinards, des poireaux, des blettes etc. Il peut ainsi cultiver sa propre nourriture et élaborer des plats dont il contrôle toute la chaîne de production. Cette démarche s’inscrit dans une quête de sens et du sentiment d’être capable de produire tout ce dont il a besoin pour vivre. Il conçoit sa démarche comme une sorte d’hommage à la terre et à ce qu’elle peut donner et décrit ses efforts comme un “travail en équipe entre lui et la terre”. Selon lui, c’est le constat, réalisé lorsqu’il était assez jeune, de sa dépendance à l’argent qui l’a entraîné à avoir ce mode de vie. L’intérêt majeur de sa démarche est donc d’avoir l’assurance qu’il pourrait potentiellement se passer de tout argent dans sa vie quotidienne. Toutefois, il reconnaît qu’il lui arrive d’acheter des aliments qu’il considère comme des extras, ce qui l’éloigne d’une vision absolue de l’autarcie alimentaire. De plus, loin des préjugés selon lesquels l’autarcie irait de paire avec l’isolement et la marginalité, Samuel utilise les réseaux sociaux afin de diffuser son expérience à l’aide de graphismes réalisés par ses soins (@samueljardinierartiste). Conscient de l’importance de la transmission, il a publié un livre sur sa méthode d’agriculture traditionnelle qui a pour outils principaux la houe et la faux et qui refuse l’aide de tracteurs ou de chevaux.
Ce rythme de vie paraît être en décalage avec la vie contemporaine, en particulier urbaine et son rapport singulier au temps est peut-être l’une des conséquences les plus marquantes de cette démarche. Cette conception personnelle du temps est décrite avec éloquence par Samuel : «La rapidité, ce n’est pas le but. Pourquoi faire vite? Qu’est-ce qu’on va faire le reste du temps? »
JEF et LOF
Tendances végétales : comparaison France – Allemagne
Quelle est la place du végétarisme et du véganisme en Allemagne et en France ?
Selon une enquête récemment publiée dans “Die Tagesschau”, 9 % des Allemands sont végétariens et 3 % se considèrent comme végan. Une personne végétarienne suit un système alimentaire qui supprime toute chair d’origine animale.
Les végans suppriment non seulement toute viande de leur alimentation, mais aussi tout produit d’origine animale comme des œufs, du lait et du beurre. Le véganisme ne se réduit pas seulement à un régime alimentaire, il inclut aussi tous produits du quotidien. Par exemple la cosmétique testée sur des animaux ou avec des ingrédients d’origine animale, ou les chaussures et canapés en cuir.
Ce sont surtout des femmes âgées de moins de 30 ans qui prennent la décision de renoncer à la viande. 41 % des Allemands sont flexitariens. Ce sont des gens qui réduisent leur consommation de viande au minimum. Selon des études réalisées en France sur le même sujet, seulement 2,2 % sont végétariens ou végans. 24 % des habitants dans l’Hexagone sont flexitariens.
Quelles sont les principales motivations pour une alimentation végétale ?
Les principales motivations en faveur d’un régime végétarien sont d’ordre éthique (le bien-être des animaux), écologique (protection de l’environnement) et médical.
Certaines personnes choisissent un régime végan ou végétarien pour des raisons éthiques liées au traitement des animaux. Elles peuvent être préoccupées par les conditions d’élevage intensif, l’abattage des animaux ou la souffrance animale en général.
Concernant les raisons environnementales, l’industrie de l’élevage est une source importante de pollution de l’eau, de déforestation et d’émissions de gaz à effet de serre. Les personnes qui adoptent une alimentation végétale le font souvent dans le but de réduire leur empreinte carbone et de contribuer à la préservation de l’environnement.
De plus, une alimentation végétale bien équilibrée peut préserver des maladies graves.
Pourquoi il y a si peu de végétariens et végans en France ?
La majorité des Français (79 %) pense qu’il est nécessaire de manger de la viande pour rester en bonne santé. La viande est souvent considérée comme un aliment nourrissant et satisfaisant, qui apporte de l’énergie et aide à la croissance et au développement musculaire. Un autre facteur qui est en faveur de la consommation de viande des Français est la culture culinaire française. Cette dernière est réputée pour ses plats à base de viande, tels que le bœuf bourguignon, le coq au vin ou le magret de canard. La viande est considérée comme un aliment de base dans de nombreux plats traditionnels français.
En outre, la viande était autrefois prestigieuse, c’était un privilège d’en manger et elle servait comme marqueur d’identité. L’ethnologue Colette Méchin remarque que manger de la charcuterie permettait de se placer au-dessus des gens qui se sont nourrissaient d’une alimentation végétale.
Aujourd’hui, la viande est un symbole de masculinité et de virilité. Ne pas consommer de la viande est considéré comme être mal nourri en France. 90 % de la population française pense que manger de la viande est compatible avec le bien-être des animaux, ce qui expliquerait aussi pourquoi il y a si peu de végétariens en France.
En Allemagne, la population est beaucoup plus critique au sujet de l’élevage à la batterie et du bien-être des animaux. On remarque également une très grande différence en termes de substitutions à la viande, au poisson ou bien aux produits laitiers. Chez les Allemands, il y a toujours des produits alternatifs et tout est quasiment végan. Au contraire, en France il est beaucoup plus difficile d’en trouver. Même si on en trouve, la diversité n’est pas grande. En Allemagne, la diversité des produits de substitution est immense, cela pourrait influencer le choix de devenir végétarien ou végan.
Au niveau des prix, il y a aussi une grande différence entre les deux pays. Acheter du tofu dans un supermarché français revient par exemple plus cher qu’acheter du tofu dans un supermarché allemand. Cela pourrait aussi jouer un rôle dans la décision de vivre végétariens ou végans. D’ailleurs, chez nos voisins, on ne remarque pas une grande différence par rapport aux prix, il y a même beaucoup de supermarchés qui ont décidé de baisser leur prix des produits végan au même prix que les produits non-végans. Par exemple un yaourt végan au même prix qu’un yaourt qui n’est pas végan.
Est-ce que le régime végétarien ou végan est bénéfique ou néfaste pour la santé ?
La viande fournit de l’énergie sous forme d’hydrates de carbone, de protéines bien assimilables, de fer, de vitamine B12 et plus encore.
Cependant, manger trop de viande n’est pas bon pour la santé. Des nutritionnistes confirment que le régime végétarien réduit le risque de maladies cardiaques car les aliments végétaux ont une teneur faible en graisse saturée et en cholestérol. De plus, renoncer à la viande diminue le risque de diabète, et de pression artérielle trop élevée, et aide à un meilleur fonctionnement des vaisseaux sanguins. Par ailleurs, une alimentation végétarienne ou végan prévient l’obésité et certains types de cancer.
Cela est notamment démontré par le Centre international de recherche sur le cancer de l’Organisation mondiale de la Santé qui a même classé la viande transformée comme « cancérigène ». Tout particulièrement, la viande rouge peut avoir un impact sur la santé mentale. Une étude de chercheurs australiens et américains prouve que la consommation de la viande rouge favorise des symptômes de dépression.
Manger de la viande d’origine biologique a donc des avantages pour la santé mais aussi des inconvénients. Il ne faut pas oublier que de nombreux végétariens et végans ont arrêté de consommer de la viande parce qu’ils sont contre l’élevage industriel, ou simplement parce qu’ils ne veulent pas qu’un animal meure pour eux, ou encore pour des raisons environnementales, etc.
Bien qu’il soit plus facile d’obtenir tous les nutriments grâce à la consommation de viande, si on investit un peu de temps à rechercher, on pourrait rapidement comprendre comment obtenir tous les nutriments avec un régime végétarien ou végan. Chacun doit prendre cette décision pour soi-même.
HES et MRA